Trois filles à Rome
Le 31 décembre 2010
Toute l’Italie des années 50 dans cette délicieuse comédie chorale, une des plus belles réussites de Lucianno Emmer.
- Réalisateur : Luciano Emmer
- Acteurs : Marcello Mastroianni, Renato Salvatori, Lucia Bosè, Leda Gloria, Ave Ninchi, Eduardo De Filippo, Cosetta Greco
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h35mn
- Titre original : Le ragazze di Piazza di Spagna
- Date de sortie : 2 mai 1956
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– Année de production : 1952
Toute l’Italie des années 50 dans cette délicieuse comédie chorale, une des plus belles réussites de Lucianno Emmer.
L’argument : Marisa, Elena et Lucia sont employées d’une grande maison de couture située à proximité de la Place d’Espagne. Elles habitent toutes trois dans des quartiers périphériques de Rome : Marisa à Garbatella, Elena à Monteverde, Lucia aux Capannelle. Marisa, de famille prolétaire, est fiancée à un ouvrier qui menace de rompre lorsqu’on propose à la jeune femme une carrière de mannequin. Elena s’est liée avec un modeste employé ministériel mais découvre que celui-ci ne s’intéresse en fait qu’à l’appartement qu’elle partage avec sa mère veuve et tente de se se suicider. L’amour d’un chauffeur de taxi la sauvera du désespoir. Lucia, qui vit dans le monde des courses de chevaux, ne sort qu’avec des garçons d’un mètre quatre vingt dix mais finira par
épouser le jockey qui l’aime depuis toujours.
Notre avis : Le troisième long-métrage de fiction de Lucianno Emmer, après Domenica d’agosto et Parigi è sempre Parigi, appartient, avec ses trois histoires croisées, à la même veine chorale teintée de néo-réalisme rose que les deux précédents. Ce genre sera abondemment pratiqué dans le cinéma italien des années 50 et les films d’Emmer en sont les plus brillants fleurons avec ceux de Gianni Franciolini (Le signorine dello 04, Racconti romani) et de Bolognini (Gli innamorati, Giovani mariti).
Le scénario de Sergio Amidei confie à l’écrivain Giorgio Bassani (Il giardino dei Finzi Contini) un rôle d’observateur et de narrateur qui tire l’ensemble vers le témoignage sociologique. Le film ravit par la description précise, nourrie de notations justes et savoureuses, de différents milieux et la manière dont Emmer n’hésite pas à s’affranchir du carcan de la narration pour accueillir l’intrusion d’éléments à priori inutiles. Les plus beaux exemples sont offerts par une très belle scène de bal populaire et, lors d’une autre se déroulant sur un champ de course situé près de l’aéroport, par le décollage d’un avion en arrière-plan qui envahit l’écran à mesure qu’il s’élève dans les airs pendant qu’au premier plan les personnages continuent de parler.
Certes le traitement recourt volontiers à des ressorts éprouvés, ne reculant pas, à l’occasion, devant les stéréotypes. Cela donne au film un indéniable côté roman-photo, qui ne manque d’ailleurs pas de charme et peut même être considéré comme une marque d’authenticité supplémentaire, tant ce genre occupe une place déterminante dans la culture italienne de l’époque (songeons au merveilleux film de Fellini Lo sceicco bianco).
L’histoire d’Elena apporte une note dramatique appuyée que vient (trop) opportunément évacuer l’apparition, à un quart d’heure de la fin, en chauffeur de taxi-deus ex machina, de Marcello Mastroianni (doublé par Nino Manfredi). Car la légèreté est de mise et c’est la comédie qui impose ses droits in fine. C’est elle qui domine sans partage dans les deux autres histoires, en particulier dans celle de Marisa, où l’immeuble du quartier de la Garbatella devient un véritable théâtre, les voisins aux fenêtres commentant l’action et tout le monde se retrouvant le soir sur le trottoir pour discuter ou même chanter.
De savoureux seconds rôles animent ce tableau débordant de vie : Edoardo de Filippo en voisin secrètement amoureux de la mère d’Elena, Ave Ninchi dans son emploi habituel de mère énergique ou Anna Maria Bugliari en rivale vipérine disputant à Marisa les faveurs d’un Renato Salvatori tout jeunot.
Le charme des trois protagonistes est un des gros atouts du film, l’excellente Liliana Bonfatti (Lucia) s’effaçant quelque peu derrière l’émouvante Cosetta Greco (Elena) et la resplendissante Lucia Bosé qui s’avère très à l’aise dans la comédie.
Gros succès en Italie à sa sortie en mars 1952, le film, qui fera l’objet d’un remake télé en 1998, n’atteindra les écrans français qu’en 1956 sous le titre Les fiancés de Rome.
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