Le 19 novembre 2019
Un film dans lequel les caractères potentiellement fictionnels ou documentaires du récit se confondent tant et si bien que, à la manière d’un danseur qui ne sait plus sur quel pied danser, le spectateur ne sait avec quel œil le regarder.
- Réalisateur : Damien Manivel
- Acteur : Agathe Bonitzer
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Shellac
- Durée : 1h24mn
- Date de sortie : 20 novembre 2019
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Résumé : Après la mort de ses deux enfants, la danseuse mythique Isadora Duncan a composé un solo d’adieu intitulé “La Mère”. Un siècle plus tard, quatre femmes font la rencontre de cette danse bouleversante.
Notre avis : Des films de fiction qui empruntent aux codes du documentaire, pour renforcer l’intrigue de leur récit, tout en accentuant son côté réaliste, on en a vu. Des documentaires qui empruntent aux codes de la fiction pour rendre leur propos plus intéressant et intelligible, on en a vu aussi. Et, dans un cas comme dans l’autre, la plupart du temps, ça fonctionne. Malheureusement, pas pour Les Enfants d’Isadora, la frontière entre les deux étant cette fois-ci beaucoup trop ténue.
- Copyright Shellac Distribution
En 1913, la célèbre danseuse Isadora Duncan perd ses deux enfants dans un tragique accident de voiture. Suite à cet événement, elle crée, dans les années 20, lors de son séjour en Russie, un solo intitulé « La Mère », où elle raconte cette histoire, et sa douleur, tout en rendant hommage à ses progénitures. Le nouveau film de Damien Manivel raconte comment, en 2019, des danseuses contemporaines appréhendent et s’approprient cette danse. C’est intéressant, soit. Mais le réalisateur ne se contentant que de cela, il ne parvient pas à développer une véritable intrigue autour de son sujet, ni à traiter d’autres enjeux que ceux propres à l’artiste en plein travail.
- Copyright Shellac Distribution
Une jeune étudiante en danse, campée par Agathe Bonitzer, décide de travailler les mouvements de « La Mère », après avoir lu la biographie de Duncan, dont les mots sont bouleversants d’émotion et de sensibilité. Il y a aussi cette sage professeure, qui fait travailler ce solo à son élève trisomique et lui pose sans cesse des questions, afin de l’aider à mieux en comprendre le sens, à prendre conscience de son corps et de ce qu’elle ressent. Enfin, il y a cette vieille femme noire qui apparaît usée et fatiguée, mais semble retrouver sa jeunesse, après avoir vu une représentation de « La Mère », en dansant à son tour dans son appartement. C’est tout.
- Copyright Shellac Distribution
Si les destins des personnages se croisent pour apporter un semblant de rythme au récit, il n’y a rien, en termes d’histoire, pas d’intrigue à raconter. Certes, la mise en scène est épurée, le montage délicat, les émotions sincères. On suit le travail d’artiste, le tâtonnement, l’appropriation du mouvement… Mais le long métrage reste à la frontière du documentaire et de la fiction, à tel point que les deux finissent par s’annuler.
Finalement, on ne sait pas trop à quoi on a affaire. Des œuvres inclassables, qui échappent à la catégorisation des genres cinématographiques, on en a vu. Mais Les Enfants d’Isadora est un film inclassable… dans le mauvais sens du terme.
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