Fin d’une époque.
Le 5 octobre 2007
Une grande oeuvre testimoniale trop décomposée pour nous convaincre entièrement.
- Réalisateur : Kenji Misumi
- Acteurs : Ken Ogata, Hideki Takahashi, Masaomi Kondo
- Genre : Historique, De cape et d’épée
- Nationalité : Japonais
- Plus d'informations : le DVD Wild Side
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– Durée : 2h39mn
– Titre original : Okami yo rakujitsu o kire
Une grande oeuvre testimoniale trop décomposée pour nous convaincre entièrement.
L’argument :
Japon, vers 1860 : Sugi, samouraï déshérité par sa famille, a trouvé un nouveau père en la personne d’Ikémoto, espion shogunal auprès duquel il a acquis la force et la vertu des arts martiaux. Le mentor veut tenir son jeune disciple à l’écart des troubles politiques qui déchirent le pays et auxquels il est mêlé par ses fonctions.
Son enseignement doit aider Sugi à vivre dans la nouvelle société qui va bientôt remplacer celle des samouraïs. Mais Ikémoto est tué par les hommes des clans du Sud, ennemis du Shôgun. Le sabre de Sugi va alors hésiter entre la vengeance meurtrière qui le mènerait à sa perte et le renoncement à la violence, promesse d’un avenir meilleur.
Notre avis :
Avec les derniers Samouraïs, Kenji Misumi propose un ambitieux retour en arrière. Vaste Projet focalisé sur le passage de l’ère vieillissante des samouraïs (système de classes) à l’ère moderne (aplanissement du système, avènement de nouvelles valeurs comme l’argent), ce long métrage se partage ainsi entre la chronique politique et sociale (évolution du Japon quittant au fur et à mesure ses réflexes traditionnels, guerre des clans politique et insensée) et une réflexion sur la transmission des valeurs.
La mise en scène de Misumi s’effile sur le parcours croisé de quatre samouraïs aux vertus et aux croyances différentes. La destinée de chacun se lie, fatalement, aux valeurs auxquelles ils se soumettent. Ainsi, certains sont piégés dans la toile complexe des enjeux politiques, alors que le personnage principal (Sugi), lui, poursuit le fil intérieur des questionnements qui le hantent : « Que signifie être samouraï ? ». En effet, la problématique du film exploite cette question en la contextualisant dans cette époque des grandes mutations du Japon. Fin d’un ancien régime féodal, basé sur le shogun et les samouraïs, remplacé par un système impérial influencé par le mode de vie occidental, l’industrialisation et le capitalisme. Cette question devient fondamentale parce qu’elle met en jeu la notion de transmission. Les samouraïs apprennent au contact de leur maître ce qu’ils devront transmettre plus tard. Que faire alors de leur culture si le modèle de valeurs, de savoirs, de coutumes s’efface par l’instauration d’un système aux racines exogènes ?
Or, ce qui pèche dans Les derniers samouraïs, c’est cette même transmission... au spectateur. Misumi ne parvient pas à tracer avec souplesse les grandes lignes de l’histoire. La faiblesse tient de la narration parcellisée, où l’ellipse se tient bizarrement comme la figure élémentaire et structurelle de la première partie du métrage. Par conséquent, la suite fait appel à une voix off, qui par assauts réguliers, recadre le récit dans le contexte socio-politique. Choix étrange, d’autant plus que ce second acte, beaucoup plus lâche, suit la transformation d’un héros solitaire. Seuls ces passages retrouvent la fluidité, aiguisés comme les scènes de sabre, parce qu’ils n’invoquent plus la densité historique.
Pour sa dernière œuvre, Kenji Misumi a entrepris un puissant jidai geki, manifestant un savoir-faire indéniable pour le combat de sabre (la dernière scène est très réussie) et la fresque. Mais, le réalisateur est parfois dépassé par l’évocation historique étouffant ses nobles aspirations dans la maladresse narrative. Parfois, on y apprend trop de choses ; parfois les événements défilent trop vite et nous perdent, ce qui fait de ces Derniers samouraïs une arythmie filmique qui ne peut séduire que par intermittence.
Le DVD
Une dernière tranche ?
Les suppléments
Le DVD nous offre, afin de resituer l’époque et son contexte, une mise au point bienvenue sur le batailles, les renversements et les personnages importants de cette période troublée. D’autant que Misumi met en scène plusieurs personnages historiques importants tout au long du film. Un narrateur nous raconte les faits sur fond d’extraits de l’oeuvre. Ce n’est pas très original, mais presque nécessaire. Il signale par ailleurs, le conjointement historique avec le blockbuster d’Edward Zwick, Le dernier Samouraï, sorti il y a quelques années.
Une interview s’ajoute à tout cela et explique les difficultés rencontrées par le réalisateur, lors du tournage et de la production de son film.
Image & son
Aucun problème particulier, Wild side nous déçoit rarement sur la qualité technique du DVD qui est ici optimale.
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