Du luxe et de l’impuissance
Le 25 août 2021
Loin des communes visions apocalyptiques de la fin du monde, Arnaud et Jean-Marie Larrieu ancrent leur dernier long-métrage dans une approche sincèrement humaniste de la société actuelle.
- Réalisateur : Arnaud & Jean-Marie Larrieu
- Acteurs : Sergi López, Karin Viard, Catherine Frot, Mathieu Amalric, Clotilde Hesme, Omahyra Mota
- Genre : Comédie dramatique
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Durée : 2h10mn
- Date télé : 25 août 2021 20:55
- Chaîne : ARTE
- Date de sortie : 19 août 2009
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Alors que s’annonce la fin du monde, Robinson Laborde se remet peu à peu de l’échec d’une aventure sentimentale pour laquelle il s’était décidé à quitter sa femme. Malgré l’imminence du désastre, et peut-être pour mieux y faire face, il s’élance dans une véritable odyssée amoureuse qui l’entraîne sur les routes de France et d’Espagne.
Critique : Les derniers jours du monde est librement adapté du roman de Dominique Noguez, édité en 1991. Spécialiste du cinéma underground et expérimental, l’auteur situait l’action en 2010, dans un monde en pleine crise financière et grandement menacé par une catastrophe sanitaire. Certainement parce que de nombreux aspects du récit se confirment à l’heure actuelle, Arnaud et Jean-Marie Larrieu, les deux cinéastes de Peindre ou faire l’amour et Un homme, un vrai, ont décidé de ne pas maintenir l’avancée temporelle ; le récit est donc contemporain. Le futur n’existe plus puisque le temps s’est arrêté au présent.
- © Wild Bunch Distribution
Arnaud et Jean-Marie Larrieu relatent la fin du monde, mais sans en faire une catastrophe apocalyptique spectaculaire. La destruction est plus insidieuse et sournoise ; les hommes n’en sont pas les victimes mais les coupables, responsables de leur inconséquence. Au milieu du désordre et de la panique, il nous est proposé de suivre Mathieu Amalric qui célèbre avec grâce sa troisième collaboration avec les deux réalisateurs. Conscient qu’espérer une échappatoire est un leurre, son personnage dans Les derniers jours du monde poursuit une quête d’identité ; il cherche à vivre sans se trahir, tout en restant, autant que possible, fidèle à ses proches. Forcé de fuir parce que le monde se délite, il a des rencontres qui le font progresser et lui permettent de se remettre en question. Sa fuite à travers l’Europe n’est pas l’occasion de braver les interdits ou réaliser tout ce qu’il n’a pu faire, faute d’opportunités. Bien au contraire, cela le pousse à une introspection et lui offre la possibilité de passer outre des rapports familiaux superficiels pour approfondir les liens indéfectibles.
- © Wild Bunch Distribution
On retrouve dans cette quête de sens - et quelque part de salut - l’esprit lyrique et réflexif de la pièce de Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde. L’homme de théâtre suggérait que la « fin du monde » n’est ni une apothéose, ni une destruction globale. Elle est en chacun de nous, déterminée par nos choix de vie. Le rapport à l’autre nous détermine et peut donc nous blesser si nous ne savons créer des relations constructives. Les derniers jours du monde expose une société où personne ne communique plus depuis longtemps et où, même dans l’adversité, chacun ne songe qu’à soi. L’égoïsme a détruit ce qui faisait le propre de l’humanité, celle-ci n’a donc plus lieu d’être. Ceux qui veulent survivre malgré tout doivent se battre pour exister. Arnaud et Jean-Marie Larrieu décrivent ainsi l’individu comme source de son malheur mais capable de progression, loin d’un manichéisme simpliste et moraliste. Juste brillant.
- © Wild Bunch Distribution
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.