Les Contes Macabres . Vol. II - La chronique BD

L’œuvre d’Edgar Allan Poe est immense, et les traductions de Baudelaire en français permettent à ceux inaptes de lire en anglais de profiter de cette prose lugubre mais délicieuse, froide mais pleine de pulsations maladives tout à la fois. Lorsque cet auteur est tombé entre les mains de Benjamin Lacombe, pendant graphique d’un Tim Burton, on se dit que la rencontre était inévitable, tant l’influence de l’auteur américain se percevait dans son dessin. Ici, les histoires sont racontées sur de grandes pages, dont les caractères blancs sur fond noir se détachent dans une lecture particulièrement plaisante, et d’autant plus pertinente qu’elle reflète le côté sombre et tourmenté de Poe. Pour ceux qui n’auraient jamais lu la plume noire de Poe, les Contes Macabres sont un très bon premier saut : courts, intenses, jamais répétitifs et toujours surprenants, ils insinuent ce doute propre au registre fantastique, font goûter au gothique avec délice, et divertissent avec effroi.

Benjamin Lacombe / Soleil

Sur certaines pages, un portrait, un médaillon ou une fresque viennent illustrer de manière épisodique les six contes. Les amateurs de Benjamin Lacombe se sentiront peut-être frustrés par l’effet clairsemé des œuvres graphiques, lunaires et mélancoliques au possible, car le nombre n’est pas si élevé. Mais la rareté fait le précieux, et dans ce magnifique volume feutré et vernis comme un manuscrit d’antan, il y a de la poésie qui se dégage de cet écrin graphique, ciselé comme un diamant sombre.

Benjamin Lacombe / Soleil

Beau, profond et divertissant, Poe reste un incontournable, au même titre qu’un Lacombe désormais. Toujours dans cet univers où l’enfant croise le fantôme, les deux auteurs étaient faits pour s’entendre, et se rencontrer dans ce second volume n’est qu’une suite logique.