Les contes d’Hoffmann - Michael Powell, Eric Pressburger - critique

Critique : À l’origine, Les contes d’Hoffmann est une pièce écrite par Jules Barbier en 1851, avec Michel Carré, inspirée de trois histoires de l’écrivain et compositeur romantique allemand Ernst Theodor Amadeus Hoffmann.
Convertie par Barbier lui-même en livret pour le compositeur Jacques Offenbach qui en fit un opéra fantastique en cinq actes créé à l’Opéra-Comique de Paris le 10 février 1881, l’histoire vint à fasciner les cinéastes Michael Powell et Emeric Pressburger qui se l’approprièrent en 1951.
Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes l’année de sa sortie et nommé pour deux Oscars (Meilleurs décors et Meilleurs costumes), le long-métrage suscite l’admiration de la critique. Diversement reçu par le public, Les contes d’Hoffmann demeure l’un des chefs-d’œuvre du duo britannique.

© Les Acacias

Cité en référence par de brillants metteurs en scène comme Cecil B. DeMille, Ridley Scott, George A. Romero ou Martin Scorsese, le film fascine tant par son éclectisme que son onirisme déraisonné. Bouleversant les conventions du spectacle de danse filmé, les Archers y explorent chacune des facettes de l’art cinématographique en évoluant à la frontière du songe. Trois ans après Les chaussons rouges, Michael Powell et Emeric Pressburger font de la musique l’élément moteur de leur travail et harmonisent l’image et la danse autour de cette idée.

© Les Acacias

À l’instar de l’opéra, le long-métrage s’articule autour d’un prologue, trois contes, un épilogue. Tourbillon de teintes fantasmagoriques, il emporte les rêveries dans un ballet effréné où jaune, rouge et bleu marient brutalement leurs charmes. Décors à plat, trompe-l’œil, carton-pâte, cadres peints... Délire chimérique, le film transcende les conceptions traditionnelles du romantisme et redéfinit le concept même de grand opéra. Les contes d’Hoffmann, d’une absurde sensualité, revêt une importance phénoménale à travers son appréhension du septième art. Les visions conjuguées de Powell et Pressburger procurent à l’extravagance une nouvelle dimension.
Soixante-quatre ans après sa première apparition au cinéma, Les contes d’Hoffmann est sorti sur nos écrans avec une extraordinaire restauration 4K effectuée grâce à la Film Foundation de Martin Scorsese. Un brillant hommage à cette œuvre incontournable du septième art.