Les chiens écrasés

Les rocambolesques aventures de deux chasseurs de faits divers.

Le crime est leur affaire. Et ils le préfèrent le plus sordide possible. Grand, journaliste, et Casa, photographe passablement alcoolique, courent les routes de France pour couvrir les faits divers au profit de leur rédaction parisienne. "Les chiens écrasés", en jargon du métier : ces tragédies individuelles, ces vies brisées illico recyclées en histoires dévorées par des lecteurs en mal de frisson... Se faisant, nos deux acolytes se protègent de la souffrance d’autrui par une bonne dose de cynisme et d’inconscience.
Comme toujours, les ennuis commencent le jour où, lors d’un reportage, Grand croise sur sa route une blonde Demoiselle qu’il ne peut se résoudre à ne pas revoir. Il décide alors de travestir quelques faits, histoire d’avoir une raison de rester sur les lieux... Sans conséquence, pense-t-il. Mais la mécanique s’emballe, les médias s’emparent de concert d’une affaire inventée de toute pièce, et les catastrophes s’enchaînent...
Avec ce roman mené tanbour battant, Ludovic Roubaudi concilie humoir (noir) du ton et humanisme du propos. Fin observateur, c’est avec une drôlerie irrésistible qu’il épingle les travers d’une profession qu’il a un temps exercée : parmi de multiples vies avant l’écriture, il a été journaliste... Comme avec ses deux romans précédents[Les baltringues (2003) et Le 18, (2004), parus également au Dilettante]], sa force tient à la verve comique d’un langage dynamité avec jubilation. Si certaines envolées lyriques, d’ailleurs rares, convainquent moins, on n’en tiendra pas rigueur à ce récit rythmé et d’une réjouissante cocasserie.