Le 2 février 2018
Sans être follement original dans son histoire d’amour et ses relations mère/fils, Les Bonnes manières surprend en se transformant peu à peu en un véritable film de monstre. De quoi satisfaire ceux qui regrettaient de n’avoir jamais vu un loup-garou à São Paulo.
- Réalisateurs : Juliana Rojas - Marco Dutra
- Acteurs : Cida Moreira, Andrea Marquee, Isabél Zuaa, Marjorie Estiano, Miguel Lobo Antunes, Eduardo Gomes
- Genre : Drame, Fantastique
- Nationalité : Brésilien
- Distributeur : Jour2fête
- Durée : 2h15mn
- Titre original : As Boas Maneiras
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 21 mars 2018
- Festival : L’Etrange Festival 2017, Gérardmer 2018
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Résumé : Clara, une infirmière solitaire de la banlieue de São Paulo, est engagée par la riche et mystérieuse Ana comme la nounou de son enfant à naître. Alors que les deux femmes se rapprochent petit à petit, la future mère est prise de crises de somnambulisme...
Critique : Juliana Rojas et Marco Dutra n’en sont pas à leur coup d’éclat dans cet art si délicat qu’est le détournement des codes propres à des genres très marqués du cinéma populaire pour dépeindre une situation sociale qui ne prête pas au sourire. Après le film d’épouvante (Quando Eu Era Vivo), ou encore la comédie musicale (Necropolis Symphony), les deux jeunes cinéastes se retrouvent pour mettre au point un film de monstre pas comme les autres. Leur long-métrage est en fait scindé en deux parties d’une durée similaire, leur permettant d’explorer deux facettes de leur personnage principal.
Clara est contrainte d’accepter un métier de femme de chambre pour Ana, une patronne issue d’un milieu social plus aisé. Le jeu d’attraction/répulsion ressenties envers son employeuse est exacerbé jusqu’à devenir un mélange de pulsions amoureuses et de terreur. Celle-ci est due à la découverte des étranges comportements nocturnes de cette belle nantie enceinte. Cette dichotomie émotionnelle, ainsi que l’observation de la superficialité d’Ana, est donc un moyen pour les réalisateurs de dépeindre le malaise de voir prospérer de riches rentiers oisifs, tout en intégrant à leur mise en scène une certaine tension sexuelle bien retranscrite.
- Copyright Good Fortune Films
La seconde moitié naît d’une ellipse de sept ans mais aussi et surtout d’une rupture de ton. On y retrouve Clara jouant à présent le rôle de mère. La grave maladie de son fils adoptif freine sa vie privée. Il faut assurément y voir le pouvoir de l’instinct maternel pour nier l’inacceptable, au risque de marginaliser des enfants.
Mais où est le film de monstre dans tout ça, vous demandez-vous ? En fait, la fameuse maladie du gamin n’est autre que la lycanthropie, faisant de lui un loup-garou se transformant en prédateur à la pleine lune. Le traitement fait de cette redoutable créature, consistant à le présenter comme un être fragile, nécessitant l’aide d’une présence maternelle pour ne pas succomber à ses instincts meurtriers, est relativement inédit et intelligemment imaginé. Notamment, les spectateurs français ne pourront pas s’empêcher de repenser à Grave en voyant le louveteau-garou découvrir les plaisirs de la viande. Les scènes de transformations numériques ont le bénéfice d’être suffisamment peu nombreuses pour être efficaces.
Les Bonnes manières suit les voies du drame romanesque et familial pour laisser apparaître une part de fantastique qui ravira les fans mais surtout donne à Clara des réactions instinctives qui dépassent les normes sociales telles qu’elles nous le sont imposées. Après tout, nous ne sommes que des animaux.
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