Le 7 juin 2020
Un polar post #metoo dont les intentions sont louables, mais qui souffre d’une réalisation peu originale, avec des scènes parfois outrancières.
- Réalisateur : Andrea Berloff
- Acteurs : Elisabeth Moss, Melissa McCarthy, Tiffany Haddish
- Genre : Action, Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Date télé : 7 juin 2020 23:05
- Chaîne : Canal +
- Titre original : Thé Kitchen
- Date de sortie : 21 août 2019
Résumé : Le quartier sulfureux de Hell’s Kitchen, en 1978. Alors qu’elles rongent leur frein, trois épouses de mafieux irlandais envoyés en prison par le FBI décident de prendre la situation en main. Et elles se révèlent incroyablement douées, qu’il s’agisse de collecter l’argent du racket ou d’éliminer la concurrence… Au sens littéral du terme !
Critique : Premier film de la scénariste et productrice, Andrea Berloff, Les Baronnes réactualise le polar à l’heure du cinéma post #metoo, en adaptant The Kitchen, une série de comics imaginée par Ollie Masters et Ming Doyle et éditée chez Vertigo. La célèbre chanson de James Brown It’s a Man’s Man’s Man’s World donne le ton de ce long-métrage féministe, qui, dès les premières scènes, évoque en quelques traits des habitus de domination masculine plutôt en accord avec le virilisme de trois gangsters, finalement "serrés" par le FBI lors d’un braquage. Dès lors, leurs trois épouses, jusque-là dépendantes de leurs maris mafieux, doivent se débrouiller pour survivre financièrement, contournant les règles d’une société patriarcale, s’affranchissant d’une série de coercitions pour imposer leur loi dans le quartier.
Rivée à ses intentions démonstratives, cette comédie dramatique n’oublie pas de mettre en scène des héroïnes qui jurent comme les bandits masculins ou se désolent - à juste titre - que les hommes les vouent à la maternité.
Mais les bonnes intentions n’ayant pas toujours produit les meilleurs résultats artistiques, on doit constater que la revanche de ces trois héroïnes n’est pas servie par une mise en scène inventive, d’autant que les personnages masculins sont figés dans des stéréotypes peu crédibles, souvent réduits à la fonction d’obstacles : ainsi, les coups de pied assénés par Claire à son agresseur ont une valeur performative, mais on ne peut pas dire que leur existence ajoute un surcroît de subtilité à la séquence. L’absence de densité psychologique, le défaut d’un angle original, font des Baronnes un film médiocre, qui ne soutient pas la comparaison avec Les Veuves de Steve McQueen (2018), construit sur un semblable sujet, mais tellement mieux réalisé.
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Julia Tequi 25 septembre 2019
Les Baronnes - Andrea Berloff - critique
Un film où les femmes prennent le pouvoir !
Je suis une grande fan des films de gangsters et de mafia, j’aime beaucoup tout ce qui les entoure, mais rares sont ceux qui parlent de femmes, ou en tout cas, de celles qui ont un rôle important. C’est au cœur du célèbre quartier de Hell’s Kitchen que nous allons plonger, ce sont les Irlandais qui règnent en maître, ils ont la mainmise sur les commerces et les différents trafics qui ont cours. Mais comme toujours dans ce milieu, c’est le fragile équilibre de la peur et un simple grain de sable peut faire exploser tous les rouages d’une machine bien huilée. N’oublions pas qu’en l’occurrence, ce sont les femmes qui bien malgré elles, devront reprendre le flambeau, alors, on peut se demander si c’est si différent que ça. Dans le fond non, mais dans la forme, c’est une évidence, elles sont plus subtiles, elles sont moins impulsives, plus réfléchies et par la même occasion, bien plus sournoises. Elles n’emploieront pas immédiatement la violence, elles auront la patience de parlementer, de négocier, mais lorsqu’il sera nécessaire d’agir, elles le feront sans hésiter. J’ai beaucoup aimé la réalisation d’Andrea Berloff, en choisissant une femme pour mettre en lumière cette histoire, j’ai la sensation que l’on soit allé au bout des choses et ça me plaît beaucoup. De plus, le résultat est à la hauteur visuellement, on retrouve vraiment la patte du comics dont il est adapté, c’est un style bien particulier et une identité tout à fait unique. C’est une atmosphère très sombre, il ne faut pas se leurrer, c’est un univers qui fonctionne avec la peur, la violence y est forcément omniprésente et il est vrai que certaines scènes peuvent être assez sanglantes. Cependant, on ne rentre pas toujours dans les détails, c’est plus suggéré et finalement, j’ai beaucoup aimé cette subtilité, presque une pudeur même, j’ai la sensation que ça correspond vraiment à ce côté féminin, tout en ne minimisant pas les actes. En ce qui concerne le scénario, là aussi, il est plutôt bien ficelé, assez commun lorsque l’on parle de ce genre, il va s’avérer plus surprenant que ce que l’on pouvait penser. C’est une intrigue plus psychologique que ce à quoi je m’attendais, qui élève la manipulation au rang d’art, il est impressionnant de voir jusqu’où tout ça va nous mener. Quant au casting, il est absolument parfait, j’ai beaucoup aimé voir une Melissa McCarthy très différente, j’ai totalement découvert Tiffany Haddish et j’ai trouvé Elisabeth Moss absolument excellente.
En bref : Un film sur le milieu mafieux très différent de ce qu’il se fait habituellement, plus féminin, mais non dénué de violence pour autant, il est très prenant et bien plus complexe que ce que l’on pouvait imaginer !