Le 30 octobre 2023
Une comédie noire habile, à l’atmosphère étrange et jouant sur les ruptures de ton. Mais on attendait mieux de Martin McDonagh que la mise en image brillante de ce scénario malin.
- Réalisateur : Martin McDonagh
- Acteurs : Colin Farrell, Pat Shortt, Brendan Gleeson, Kerry Condon, Barry Keoghan
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain, Irlandais
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Durée : 1h54mn
- Date télé : 22 avril 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Titre original : The Banshees of Inisherin
- Date de sortie : 28 décembre 2022
- Festival : Festival de Venise 2022
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Résumé : Sur Inisherin - une île isolée au large de la côte ouest de l’Irlande - deux compères de toujours, Pádraic et Colm, se retrouvent dans une impasse lorsque Colm décide du jour au lendemain de mettre fin à leur amitié. Abasourdi, Pádraic n’accepte pas la situation et tente par tous les moyens de recoller les morceaux, avec le soutien de sa sœur Siobhan et de Dominic, un jeune insulaire un peu dérangé. Mais les efforts répétés de Pádraic ne font que renforcer la détermination de son ancien ami et lorsque Colm finit par poser un ultimatum désespéré, les événements s’enveniment et vont avoir de terribles conséquences.
Critique : Réalisateur et dramaturge britannique né de père irlandais, Martin McDonagh a montré ses talents de conteur avec Bons baisers de Bruges et surtout 3 Billboards, les panneaux de la vengeance. Ces comédies policières noires mêlant absurde, dérision et tonalité décalée avaient révélé un véritable savoir-faire et une maîtrise technique incontestable. Il en est de même avec Les Banshees d’Insherin, où l’on reconnaît aisément la griffe du cinéaste, même si la machinerie impressionne moins. Primé à la Mostra de Venise 2022 (pour son scénario et l’interprétation de Colin Farrell), le métrage nous transporte dans une île imaginaire située sur la côte Ouest de l’Irlande, en 1923. Inisherin est peuplée de quelques habitants menant une existence monotone mais sereine, que viennent à peine secouer les mauvaises humeurs de la postière ou la violence d’un policier, notamment à l’égard de son fils (Barry Keoghan), étiqueté déficient mental par la communauté.
- © 2022 Walt Disney Company
Pádraic Súilleabháin (Farrell) vit avec sa sœur Shiobhán (Kerry Condon) dans une maison à isolée, en compagnie d’animaux domestiques qu’il vénère. Il noue depuis des années une amitié avec Colm (Brendan Gleason), avec lequel il fréquente chaque soir le pub de l’île. Mais du jour au lendemain, et sans raison apparente, Colm décide de mettre un terme à leur amitié… La suite de la narration mêle suspense psychologique et retournements de situation avec une habileté certaine, qui permet de capter l’attention pendant tout le récit. Au fur et à mesure que l’histoire prend une dimension dramatique, les intentions du scénariste réalisateur apparaissent clairement : narrer une fable sur l’absurdité de la condition humaine, la banalité et la médiocrité du quotidien aboutissant à un mal-être qui peut mener au pire. Il y a du Ionesco et du Beckett dans les propos et l’écriture de McDonagh, et les dialogues ciselés avec verve sont au service de la tournure désabusée du récit.
- © 2022 Walt Disney Company
On peut aussi trouver cette mécanique un peu vaine. Étouffé par ses beaux décors naturels, ses cadrages rigoureux et une narration qui cherche constamment à éblouir, Les Banshees d’Insherin pourra en outre agacer par cet humour noir gratuit et le peu d’indulgence manifesté envers des personnages croqués comme des caricatures. On est loin de l’ironie grinçante mais grandiose du cinéma des frères Coen, auquel font parfois songer les films de McDonagh. Et si Colin Farrell et Brendan Gleason sont parfaits, la théâtralité des seconds rôles alourdit l’interprétation, la vieille habitante qui déclame des prophéties impressionnant beaucoup moins que le personnage de Marie Mergey dans L’île aux trente cercueils (1979), mini-série de Marcel Cravenne tournée sur une île bretonne… En dépit de ces réserves, Les Banshees d’Insherin reste une œuvre recommandable pour les raisons que l’on a mentionnées, et demeure un divertissement élégant et efficace. Mais on est loin d’être en présence du film de l’année.
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