Les Autres - La chronique BD

Frank, Jérémy, Jacques-Olivier et Charlie sont quatre collégiens (dans l’ordre, trois garçons et une fille), qui se sont rencontrés au collège. Ils ne sont ni sportifs, ni gothiques, ni populaires... Ils sont Les Autres, la masse des élèves de n’importe quel collège, avec leurs petits soucis, bonheurs ou déceptions. Entre des parents aux qualités et défauts souvent identifiables, des petites scènes loufoques dans le cadre scolaire ou des vacances, l’ennui ou la honte, il y a du vécu et du réel dans cet album d’Iris, qui provient du Québec mais pourrait se situer dans n’importe quel collège français. Un peu de blague raciste, de machisme, parfois de bienveillance ou de l’amour, l’amitié qui lie ces quatre personnages transpire la réalité, non par son humour mais par sa proximité avec les problèmes quotidiens d’un adolescent. Si le bouton d’acné est un classique, l’histoire de celui qui doit aider ses parents, celui qui ne se rend pas compte de sa chance de partir en vacances, celle qui invente une prétendue romance d’amour en vacances, c’est cela qui contribue à créer cette ambiance de proximité avec le lecteur, qui se retrouvera forcément dans l’une des planches de ce carnet vivant et atypique.

© Delcourt

Il est en effet atypique, non pas par son sujet, mais bien par son traitement graphique. Les quatre personnages n’ont absolument aucun charisme en apparence. Leurs être, leurs traits reflètent bien cette période difficile de l’adolescence, où le corps échappe et renvoie (le plus souvent) une image négative à celui qui l’habite. Pourtant, chacun cache derrière ses membres, et certains défauts plutôt encombrants, des qualités touchantes et une envie de bien faire, notamment dans les relations.Ce cœur, qui n’est pas explicite, ni sur la couverture, ni dans les premières aventures, se découvre, et l’on se prend à aimer ce dessin sans fard, sans maquillage, qui livre des gens de manière transparente, tout en les pastichant tout de même un peu.

© Delcourt

Chronique intelligente, qui évite notamment le piège de la caricature adolescente, Les Autres n’a pas un côté mignon dans son apparence, mais attendrit tout de même au fur et à mesure de la lecture. L’essentiel serait de le faire connaître aux principaux concernés, les adolescents, car les adultes quant à eux seront évidemment renvoyés à leurs souvenirs par le texte et les dessins.