Les amateurs

L’argument : L’un est manutentionnaire dans un supermarché, l’autre multiplie les petits boulots. Jipé et Christophe, vingt-cinq ans, sont deux copains qui ont grandi dans une cité de la banlieue parisienne, mais qui ont su en prendre leur parti, sans amertume aucune. Ils tombent tous les deux amoureux : Jipé de la cousine de Christophe (Maya) et Christophe de la sœur de Jipé (Malika). Il va leur falloir déployer des trésors d’imagination pour attirer l’attention de ces deux étudiantes, également issues de la cité mais dont l’ambition est de s’en sortir sans regarder en arrière.

Notre avis : Comment faire un film qui se passe en banlieue sans qu’il soit bourré de clichés ? Rien de plus facile apparemment pour Martin Valente qui réussit avec Les amateurs une comédie truculente et qui renouvelle les codes du genre. En portant un regard plein de tendresse sur l’amitié qui lie Jipé et Christophe, le réalisateur fait fi de tous les préjugés inhérents à l’univers de la banlieue. Leur cité n’est ni particulièrement morose, ni dangereuse ; ses habitants peuvent faire le choix d’y rester sans être pour autant condamnés à la délinquance. C’est là toute l’originalité des Amateurs : les deux héros ne subissent pas leur vie, ils naviguent allègrement et joyeusement au gré des petites galères de l’existence et tentent de se construire une identité.
En prenant la banlieue à contre-pied, Martin Valente a surtout voulu filmer une histoire d’amitié et comme il le dit lui-même, il s’agit avant tout de "deux personnages qui ont du mal à se parler". Un comble pour ce premier film, digne héritier d’un cinéma français très attaché à l’écriture. Mais Les amateurs n’est pas un paradoxe près. On s’attend à une comédie facile et essentiellement visuelle, alors que le film est basé sur des scènes très dialoguées et sur la difficulté d’instaurer la parole ; on imagine une bande originale composée de morceaux de rap, alors qu’elle est davantage tournée vers le funk ou la pop... Bien loin de la comédie douce-amère que l’on pouvait escompter, Les amateurs est avant tout le fruit d’une tendresse infinie et d’une générosité rare pour les personnages, ce qui rend les moments drôles si touchants et fait de ce premier long métrage un précieux instant de bonheur.