Le 7 août 2022
Michaël Youn et ses copains lorgnent sur Jackass pour une odyssée faite de gags à la débilité assumée. Parfois loupés, parfois très drôles, les défis comiques s’enchaînent joyeusement.


- Réalisateurs : François Desagnat - François Sorriaux
- Acteurs : Michaël Youn, Gad Elmaleh, Dieudonné, Vincent Desagnat, Benjamin Morgaine, Djibril Cissé
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h25mn
- Date télé : 15 juillet 2024 22:25
- Chaîne : W9

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Résumé : Le monde va mal, les humains ne rigolent plus, la situation est grave. Le Dieu de la blague n’a plus qu’une solution : Michaël Youn et sa bande. Leur mission : accomplir " Les 11 commandements " de la blague pour remettre les peuples sur le droit chemin de la rigolade en repoussant les limites de la connerie. Danser la valse en apesanteur à 15 000 mètres d’altitude, inonder une maison pour la transformer en piscine, jouer au beach volley avec une érection contrôlée, faire du roller sous somnifères... Rien n’arrête Michaël Youn et sa bande, et en plus, ils le font pour de vrai !
Critique : Après le succès de La Beuze (plus de deux millions d’entrées), une suite est programmée, qui tombe à l’eau et voilà 25 millions de budget prévu à dépenser pour un projet plus modeste. Capitalisant sur le triomphe de l’émission de téléréalité Jackass, alors diffusée sur MTV, un mélange de cascades dangereuses et de gags stupides assumés, le duo Desagnat/Sorriaux mise à nouveau sur le binôme Youn/Desagnat, transfuge du Morning Live, dont l’humeur potache et le goût de la plaisanterie trash sont largement recyclés. Un semblant de fil scénaristique sert de faux liant à toutes les séquences : dix commandements à accomplir (avec un bonus de cinq missions supplémentaires), en fait une injonction du Dieu de la Blague (Dieudonné, en roue libre), malencontreusement rencontré, parce qu’à proximité d’une boîte dont ils ont été chassés, nos rois de la pitrerie ont croisé leurs jets d’urine, ce qui a provoqué une faille spatio-temporelle.
Tout cela ne fait pas un film, configure plutôt une juxtaposition de sketchs tellement débiles et improbables qu’ils suscitent un certain plaisir, même pas coupable, le monde étant, pour le meilleur et pour le rire, transformé en un immense terrain de jeu. D’aucuns ne manqueront pas d’en inférer un symptôme de notre époque : de jeunes gens friqués ont donc les moyens de se payer une maison à saccager ou des plats de cuisine à renverser, dans une véritable "société du spectacle". Guy Debord n’avait certes pas un nez rouge.
Mais cette lecture rate ce qu’il peut y avoir d’intrinsèquement drôle dans un geste comique constamment irrigué par des situations, qui emprunte au burlesque (tomber avec un plat dans un restaurant est un gag vieux comme Chaplin), à l’humour Hara-Kiri (les représentations phalliques se déclinent, sous des formes grotesques, à travers une parodie de course hippique ou la sculpture d’un immense sexe masculin, au milieu d’un champ de maïs ; les secrétions corporelles abondent - le vomi provoqué par l’alliance vodka/force centrifuge), à l’absurde (pique-niquer dans un carré de service où les balles d’Amélie Mauresmo ricochent), à la charge gauloise, satirique, contre les pandores, bref à du potache qui tache, n’a aucun message à délivrer et passe à la caisse au bout du compte (le rusé Youn se fend d’une adaptation de My Sharona qui deviendra un tube).
Sans doute qu’on se fait avoir par un divertissement qui rentabilise une recette. Mais au moins, on aura été dupé en toute connaissance de cause.