Le trappeur des grands lacs - la critique du film + le test DVD

Notre avis : De la longue et prolifique carrière de Sidney Salkow, on ne retient en général pas grand chose, à part son adaptation de Je suis une légende, qui n’est pas vraiment une merveille. Le trappeur des grands lacs se situe à peu près au milieu de sa carrière et ne dépasse jamais la série B fonctionnelle, faute sans doute d’un scénario ambitieux et d’une réalisation plus vigoureuse ; le statisme de la caméra, le montage plan-plan répondent aux nombreux poncifs de l’intrigue. Il n’est que de citer le personnage féminin, hostile au héros dans les premières minutes pour mieux tomber dans ses bras.

Alors, que tirer de ce western naïf qui soit à son avantage ? D’abord sa brièveté, qui l’empêche d’être ennuyeux. Dès le départ, l’attaque du camp mohican accroche et, malgré quelques passages un peu bavards, l’intérêt ne se dément pas. Il faut ajouter qu’en adaptant James Fenimore Cooper, Le trappeur des grands lacs explore une période peu fréquentée, la guerre franco-anglaise. Et si George Montgomery manque de charisme, il joue son rôle de héros avec conviction, séduisant sans peine la jolie Helena Carter.

Le film souffre certes d’un déficit d’épaisseur et de lyrisme mais se permet des traits d’humour volontaires (la traduction de la réponse en français) ou pas (l’épouvantable accent des « Français »), et il glorifie la ruse, ce qui n’est pas si courant, au prix parfois d’invraisemblances criantes. Mais au fond, ce qui fait le charme de ce western, c’est sa simplicité même, son absence de rugosité et d’ambiguïtés. Il en devient rafraîchissant, exemple naïf d’une époque volontiers manichéenne et qui ne doute pas d’elle-même (et pourtant, Le train sifflera trois fois date de la même année…). Alors on suit sans déplaisir cette œuvre mineure et très colorée, légèrement désuète, que les amateurs du genre ne manqueront pas.

Les suppléments :
François Guérif (4mn30) préfère parler du roman original que du film qu’il trouve décevant (costume, histoire d’amour ajoutée), alors que Patrick Brion lui accorde un charme naïf, et il évoque à la fois les westerns de la même année et deux détails qui lui ont semblé marquants (8mn). L’éditeur propose également une galerie photos.

L’image :
Malgré de légers défauts et un manque évident de précision dans certains plans, l’image est restaurée avec soin : les couleurs en particulier sont éclatantes.

Le son :
Évidemment, ce n’est que du Dolby Digital 2.0 Mono, rien de très subtil ni de très riche. Mais les dialogues sont clairs, et la musique presque sans saturations. On ne peut pas demander beaucoup plus pour un film de 1952. Pas de vf.