Feu sans sommation - la critique + le test DVD

Notre avis : Les amateurs du genre le savent, aucun western n’est indifférent, en ce qu’il est toujours représentatif d’une époque ou d’un jalon d’une histoire quasi terminée. Ainsi de ce Feu sans sommation, surgeon tardif du western classique sorti en 1964, c’est à dire contemporain des premiers Peckinpah et de l’envolée du spaghetti italien. Les studios n’y croient plus et confient à d’honnêtes artisans comme ce Sidney Salkow (auteur néanmoins d’un paraît-il réussi Martin Eden et d’une version honnête de Je suis une légende) ce qui, quelques années plus tôt, eût été tourné par de plus prestigieux cinéastes. De même les acteurs sont-ils des seconds couteaux, plutôt bons mais qui manquent singulièrement de charisme. C’est que l’économie, dans un genre qui perd de sa superbe, règne partout : le scénario a déjà donné lieu à deux films, les décors sont un peu chiches et d’une manière générale, que ce soit les dialogues ou le travail de l’image, on est sur du simple et routinier.

Pour autant, le film n’est pas négligeable ; cette histoire de rédemption est narrée avec suffisamment de concision et d’énergie pour qu’on ne s’y ennuie pas. Salkow soigne certaines séquences comme le premier combat, l’arrivée de la bande de Spangler ou la réaction des « bonnes gens », mais en bâcle d’autres et se trouve singulièrement emprunté pour illustrer des dialogues trop explicites. Pareillement, s’il réussit à rendre palpable la tension qui précède l’attaque de la ville et sait instaurer du suspens, il échoue à élever son film à un niveau que le scénario semblait viser : pas de questionnement métaphysique, pas de réflexion sur la violence et ses conséquences. Il en reste donc à une efficacité, certes appréciable, mais qui cantonne Feu sans sommation (traduction pas très heureuse du titre original) dans les limites d’une série B, faute de souffle et d’ambition.
Audie Murphy est un peu palot mais il interprète avec conviction un personnage qui manque d’épaisseur ; à ses côtés Ted de Corsia, qui joua pour Walsh, de Toth ou Kubrick, cabotine à outrance. Les autres sont pour la plupart sobres et solides (la galerie de seconds rôles est sans failles), même si l’inévitable blonde (Merry Anders) reste transparente.

On suit sans déplaisir les aventures de ce Clint Cooper qui aspire au rachat et à la paix. Non pas qu’un point de vue original ou une réalisation pointue transcendent ce scénario éprouvé, mais on retrouve l’efficacité et la rigueur qui caractérisent les séries B. Western de série, certes, mais pas déshonorant et symptôme intéressant de l’épuisement d’un genre qui a perdu ses ambitions.

Les suppléments :

En douze minutes, Patrick Brion parle peu du film lui-même, essentiellement pour dire que c’est le remake d’un remake, préférant se consacrer à sa place dans l’histoire du western, au cinéaste (rapidement) et surtout à la vedette, Audie Murphy, sur laquelle on apprendra le plus. Une galerie photos s’ajoute à ces petits bonus.

L’image :

Malgré des couleurs un peu pâles, la copie est de toute beauté, sans parasites ni accrocs. Belle définition, noirs profonds, c’est inespéré pour un film quinquagénaire.

Le son :

Les deux pistes mono 2.0 vf et vo présentent un son clair, équilibré, débarrassé de souffle et de scories. Pour une fois, la vf n’est pas catastrophique.