« La mer est devant moi. Derrière toi est l’ennemi. »
Le 30 octobre 2024
De belles scènes dans cette ébauche d’une résurrection cinématographique palestinienne, de belles performances d’acteurs aussi, mais une radicalité de point de vue artistique qui, au lieu de s’affirmer puissamment, coule inexorablement le film vers le bas, c’est-à-dire dans un tas de plans qui ne s’héritent pas entre eux.
- Réalisateur : Annemarie Jacir
- Acteurs : Saleh Bakri, Suheir Hammad, Ryad Dias
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Espagnol, Français, Suédois, Belge, Palestinien
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Editeur vidéo : TF1 Vidéo, Pyramide Video
- Durée : 1h49mn
- Box-office : 61.643 entrées France / 13.418 entrées Paris Périphérie
- Date de sortie : 3 septembre 2008
- Festival : Festival de Cannes 2008
Résumé : Soraya, vingt-huit ans, née et élevée à Brooklyn, décide de rentrer s’installer en Palestine, le pays d’où sa famille s’est exilée en 1948. Dès son arrivée à Ramallah, Soraya cherche à récupérer l’argent de ses grands-parents gelé sur un compte à Jaffa mais elle se heurte au refus de la banque. Sa route croise alors celle d’Emad, un jeune Palestinien qui, au contraire d’elle, ne souhaite qu’une chose, partir pour toujours. Pour échapper aux contraintes liées à la situation du pays mais aussi pour gagner leur liberté, Soraya et Emad devront prendre leur destin en main, quitte à transgresser les lois. Dans cette course à la vie, ils nous emmèneront sur les traces de leur Histoire en Palestine perdue.
Critique : Si la vitalité du film d’Annemarie Jacir peut séduire un moment, liée à une renaissance cohérente du cinéma israélo-palestinien, l’intrigue du film peut, quant à elle, laisser perplexe. Car au final, en abordant un thème nécessaire sur les questions d’identité et de retour aux sources qui sont un peu les bêtes noires d’Israël et de la Palestine, la réalisatrice n’arrive jamais à saisir tout l’intérêt de cette quête vers soi-même. En abandonnant ses personnages à l’instinct, le film sonne souvent faux, comme s’il avait bien fallu réfléchir à ce qui aurait pu arriver à cette troupe de rebelles inoffensifs.
En évitant toute cruauté, toute noirceur, Le sel de la mer prend des allures innocentes qui ne lui conviennent pas vraiment. Le refus absolu de sombrer dans une quelconque recherche d’émotion (et qui caractérise parfaitement le langage actuel de cette nouvelle vague de cinéma israélo-palestinienne) distrait un peu l’intrigue qui, à vouloir étaler des palettes de la vie ordinaire sans réelle innovation, tombe peu à peu dans un enchaînement diaporamique de situations souvent mal reliées entre elles.
Certes, la maîtrise de la caméra saute aux yeux et le travail sonore très élaboré qui l’accompagne joue en faveur de l’impact visuel mais Le sel de la mer, trop dispersé et pas assez matériel (au sens compact du terme, d’un ensemble compact, regroupé et cohérent), peine réellement à susciter l’intérêt. Mêmes les amoureux de Ramallah, filmée avec un sens esthétique très pur et d’une discrétion plus profonde qu’il n’y paraît, ne seront conquis par une œuvre bien trop désaxée de son sujet pour avoir une vraie portée sensationnelle (en tant que sensations) et universelle.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Norman06 29 avril 2009
Le sel de la mer - Annemarie Jacir - critique
Cette fiction inspirée de faits politiques sans doute réels enfonce les portes ouvertes et retrouve les pires travers du cinéma d’un Boisset des années 70 : personnages manichéens (les Palestiniens sont tous des victimes et les Israéliens des abrutis notoires), filmage à la truelle, situations explicatives et lourdes (le gros plan du personnage en train de vomir succédant à la séquence de la villa familiale aux mains de l’occupant). Aucune nuance, aucune ellipse dans ce qui se serait davantage prêté à un reportage télévisé.