Le secret de Lily Owens - la critique

D’abord savoureux puis écœurant, un bonbon à peine acidulé par son approche du racisme sudiste des années 60. Un film sur les abeilles à recommander surtout à nos petits moustiques.

L’argument : En 1964, Lily, 14 ans, vit en Caroline-du-Sud avec son père, un homme brutal, et Rosaleen, sa nourrice noire. Le décès de sa mère dans d’obscures conditions la hante. Lorsque Rosaleen se fait molester par des Blancs, Lily décide de fuir avec elle cette vie de douleurs et de mensonges. Elles trouvent refuge chez les soeurs Boatwright, trois apicultrices tendres et généreuses dont l’emblème est une Vierge noire.

Notre avis : Un film mielleux qui parle d’abeilles, quoi de plus naturel ? Adapté du best-seller La vie secrète des abeilles, que l’on imagine dégoulinant de glucose, et produit par M. et Mme Will Smith, ce long-métrage de Gina Prince-Bythewood a l’apparence d’un guêpier redoutable pour tous les diabétiques cinéphiles. Pourtant la première moitié pique notre curiosité et retient toute notre attention. On se prend à suivre avec intérêt le parcours initiatique de cette petite fille cafardeuse rongée par la culpabilité, fuyant son ogre de père pour se réfugier dans une maison rose bonbon où l’on fabrique un miel savoureux. Bien entendu, c’est au sein de ce cocon que s’envolera son bourdon, laissant place à une jeune fille papillonnant de joie et d’espoir.

© Twentieth Century Fox France

Le spectateur aussi se vautre allègrement dans cet univers de conte empli de couleurs chaudes et sirupeuses, de plans délicieusement caramélisés qui donnent envie de se lover dans cet Eden isolationniste imperméable (ou presque) aux agressions extérieures d’une société américaine qui tente péniblement de se débarrasser de son racisme viscéral.
Malheureusement un écœurement progressif finit par nous gagner lors de la dernière partie du film, lorsque l’histoire n’avance plus et s’embourbe inexorablement dans la mélasse du mélo tant redoutée, tandis que les personnages archétypaux évoluent selon un schéma prédéfini ennuyeux au plus haut point. La musique elle aussi se met à suinter la graisse de loukoum. Les mouches ne sont plus très loin.
Même si au final Le secret de Lily Owens nous laisse un goût amer de réglisse périmé, il n’est pas interdit d’y goûter, surtout si l’on s’y rend avec des enfants qui sauront apprécier cette friandise instructive, notamment dans son approche du racisme.

© Twentieth Century Fox France