Yves Boisset invente le polar politique à la française
Le 4 juin 2020
Deux clans politiques opposés s’entretuent à la veille des élections. Malgré son manque de nuances et une distribution mal assortie, Yves Boisset réalise un film d’action musclé sans temps mort, inventant le polar politique à la française.


- Réalisateur : Yves Boisset
- Acteurs : Jean Yanne, Senta Berger, Raymond Pellegrin, Daniel Ivernel, Sterling Hayden, Gordon Mitchell
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français
- Distributeur : CFDC
- Durée : 1h40mn
- Date de sortie : 29 septembre 1970

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Résumé : A Marseille, à l’approche des élections, deux clans opposés, celui des frères Corses les Orsini (Claude Cerval et Marcel Lupovici) , et celui du promoteur Forestier (Giancarlo Sbrzgia) n’hésitent pas à recourir au meurtre. Un tueur à gages (Gordon Mitchell), engagé par Forestier, élimine les deux frères Orsini et se rend ensuite en Thaïlande, dans le but de supprimer un troisième frère expatrié depuis des années, Louis (Jean Yanne).
Critique : Ce film permet à Yves Boisset de se lancer dans le genre policier dénonçant les magouilles politiques, à l’instar d’un certain cinéma italien. Il y reviendra en plusieurs occasions dans la suite de sa carrière.
Avec la complicité de Claude Veillot, qui l’accompagnera à quelques reprises pour d’autres long-métrages, le cinéaste fonce tête baissée dans la dénonciation des dérives violentes de la politique. L’univers très noir décrit n’épargne personne : politiciens corrompus, policiers aux ordres, organisation paramilitaire qui régente la campagne électorale, recours à un tueur à gages.
La distribution internationale, pensée à l’époque comme un atout, se révèle finalement une mauvaise idée : à ce titre, on mentionnera les prestations des Américains Sterling Hayden, embarrassé par sa grande carcasse et parlant un français peu compréhensible, et Gordon Mitchell, tueur à gages plus impressionnant par sa laideur que par sa cruauté. L’Autrichienne Senta Berger, quant à elle, ne semble guère convaincue par son personnage.
En revanche, Jean Yanne incarne parfaitement un homme prêt à tout pour assouvir sa vengeance, au tempérament impulsif, usant de la même violence que ses ennemis, et balançant des vérités sans filtre.
Malgré ces réserves, le film, grâce à une mise en scène qui privilégie l’action, se suit sans déplaisir, comme un polar musclé représentatif de son époque.