Le 18 juillet 2020
De bonnes intentions plombées par une mauvaise mise en scène, avec des personnages réduits à des stéréotypes. Dommage.
- Réalisateur : Yves Boisset
- Acteurs : Jean Martin, Aurore Clément, Philippe Léotard, Henri Garcin, Patrick Dewaere, Jacques Spiesser, Jean-Marc Thibault , Marcel Bozzuffi, Jean Bouise, Daniel Ivernel, Jean-Marc Bory, Roland Blanche, Christian Alers, Philippe Brizard, Myriam Mézières, Hélène Vallier, François Dyrek, Yves Afonso, Jacques Ramade
- Genre : Thriller, Politique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Compagnie Commerciale Française Cinématographique (CCFC), Jupiter Films
- Durée : 1h52mn
- Date télé : 26 octobre 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 10 avril 2015
- Date de sortie : 12 janvier 1977
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Résumé : Un jeune juge d’instruction aux méthodes peu orthodoxes est chargé d’élucider une affaire de braquage. Il est convaincu que l’un des suspects, ancien commissaire, bénéficie de protections au plus haut niveau. Mais celui-ci est assassiné avant que le juge ne soit parvenu à réunir des preuves à son encontre. Peu soutenu par sa hiérarchie, le magistrat est décidé à mener à bien son enquête.
Critique : Le cinéma de Boisset s’avance au sein de l’arène politique comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, persuadé qu’à l’aune d’une partition manichéenne, tous les individus sont unanimement dans le vrai ou dans le faux. Le prolongement cinématographique de cette lecture binaire est une production globalement médiocre, il faut bien le dire, qui ne s’en tient qu’à des typologies et à des situations schématiques, reliées à des conclusions sans failles. Bien sûr, on invoquera l’engagement et il ne s’agit pas d’en discuter les intentions humanistes, surtout lorsqu’on a pour objectif de pourfendre le racisme ou la corruption.
Mais le courage n’a jamais été, en soi, une qualité artistique et c’est bien le problème avec Boisset : quand la caméra tourne et qu’il s’agit d’enchaîner des plans, des dialogues, de construire une densité dramatique, d’incarner des personnages crédibles, à quelques exceptions près, il n’y a plus grand monde sur le plateau.
On sait que l’art assujetti à la morale est la garantie d’une impasse, et dans cette perspective Le juge Fayard en est une, alors qu’à la base, ses desseins sont cohérents : évoquant la vie du juge François Renaud, le cinéaste entreprend de dénoncer ce qu’il perçoit comme des accointances entre le Service d’Action Civique, la police parallèle du gaullisme, créée en 1960, et le milieu de la pègre, en l’occurrence le gang des Lyonnais, qui sévit entre 1967 et 1977. Pour beaucoup, ces investigations constituent le mobile essentiel de l’assassinat du magistrat. Très bien. Mais une fois l’argument énoncé, il s’agit de faire un long métrage : et c’est là que le bât blesse, parce que les personnages paraissent tellement engoncés dans leur monolithisme, tellement conformes aux rôles qui leur sont unanimement dévolus (le juge impeccable, le substitut du procureur veule, les hommes de main tout droit sortis d’une série noire des années 50) qu’on ne parvient pas à s’extraire d’une distance presque amusée par ce qu’on voit : si l’on excepte Dewaere et Léotard, donc la jeune génération, les autres comédiens plus âgés (Bouise, Bozzuffi, Garcin, Thibault) semblent piégés par ce dispositif très raide. Ce manque global de finessel constitue, hélas, un obstacle rédhibitoire. Dommage.
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