Le 1er juillet 2005
- Festival : Festival d’Evreux 2005
24 000 festivaliers se sont précipités sur l’hippodrome d’Evreux pour le 22e festival du Rock dans tous ses états. Une affiche éclectique, un temps idéal, et une ambiance toujours aussi respirable et bon enfant.
Une affiche éclectique, un temps idéal, et une ambiance toujours aussi respirable et bon enfant.
J1 : Eclectisme à tous les étages !
S’il fallait résumer cette première journée d’un mot, éclectisme serait à coup sûr le plus approprié. C’est cette affiche extrêmement variée qui explique sans doute le nombre impressionnant de spectateurs venus prendre des coups de soleil, s’enfiler des kebabs mais aussi et surtout écouter de la musique.
De la musique, il y en avait vraiment pour tous les goûts. En naviguant de l’une à l’autre des quatre scènes, on avait peu de chance de ne pas trouver son bonheur au cœur du pré normand de l’Hippodrome d’Evreux. Amadou et Mariam ont lancé leurs rythmes envoûtants devant un public conquis d’avance. Couleurs de l’Afrique, magie de l’ailleurs, la recette est rodée... Hollywood Porn Stars, vous connaissez ? Voilà un quatuor belge qui déménage et qui a annoncé la couleur avec une reprise très couillue de Girls just wan to have fun de Cindy Lauper. Et, à en croire les bras levés et les pois sauteurs, il n’y avait pas que les filles qui voulaient se la donner. Le retour de Sonic Youth était grandement attendu. Bon, c’est vrai, le temps passe et la notoriété permet parfois de se reposer sur ses lauriers... Ce qui était le cas pour les New-Yorkais un peu fatigués. On mettra ça sur le compte de la chaleur estivale...
Mention spéciale au Peuple de l’herbe pour le concours de human beat box à couper le souffle, qui fort logiquement laissait sans voix. Cette fois c’est sûr, les derniers réticents se baignaient au beau milieu de la marée humaine démontée, portés par les drums bass du groupe français le plus en vogue du moment. Bon, et les Kills dans tout ça ? Eh bien les Kills, comment dire... A eux deux, yeux dans les yeux, ils ont tourné les potars au maximum, boosté la distortion, et ont arrosé le site avec leurs accords violents et rageurs, provoquant même quelques éclairs dans un ciel de plus en plus sombre. Tiken Jah Fakoly n’avait plus qu’à débouler pour faire danser tout ce beau monde. Seul bémol, une basse qui explosait vraiment les oreilles et faisait trembler le sol. Quintron & Miss Pussycat clotûrait la soirée, duo US mélangeant tout et n’importe quoi pour donner naissance à un répertoire électro clash.
Ceux qui tenaient encore debout n’avaient plus qu’à se réfugier du côté du Banana Club pour écouter les mix de Vitalic, avant de regagner leur tente pour un dodo bien mérité. Evidemment, quelques uns avaient déjà choisi de s’assoupir dans l’herbe. Mais pour une fois qu’on pouvait roupiller à la belle étoile en Normandie, il aurait été mal venu de bouder son plaisir !
J2 : Garbage prend joliment la tête
L’hippodrome est peu à peu en train de se remplir quand les Canadiens hirsutes de Black Moutain ont déjà allumé leurs amplis et investi la scène. Un son résolument 70’s, mélange psychédéliquement identifié, sous l’influence de Led Zep, Black Sabbath et Hendrix. Morgan Heritage restera aux abonnés absents durant une petite heure, laissant les oiseaux seuls maîtres de cérémonie. Cocorosie, duo féminin (ici en quatuor) bricolant la musique comme d’autres bricolent le week-end dans leur maison de campagne, accompagné d’instruments aussi improbables qu’un attirail de jouets, prouve ensuite que la musique se joue avec presque tout. Un peu statique et trop confidentiel.
Cake avait laissé la place à Bravery, qui a su donner au public le plein d’adrénaline qui se faisait désirer. Un chanteur au charisme évident, un set rageur, le tout sous la coupe de ce que les 80’s ont produit de meilleur. Tout le monde commençait à transpirer et il était temps de passer aux choses sérieuses. Les allumés de Balkan Beat Box tout de rouge vêtus se chargaient d’en remettre une bien belle couche avant Ghinzu. Car du côté de Bruxelles, on sait parfaitement ce qu’investir une scène signifie. Set impeccable, musiciens interchangeables, énergie brute, public conquis.
Devendra Banhart n’avait plus qu’à faire résonner ses mélodies folk et ses voix cristallines. Une prestation extrêmement propre. Dans ce monde de brutes, un peu de douceur rafraîchit toujours les esprits. Et puis Garbage est arrivé, sans se presser. Sans doute la prestation la plus impressionnante de ce festival, extrêmement brute et sans fausses notes, carrée et taillée dans la roche. Shirley Manson prend soin de se mettre le public dans la poche et tous les tubes y passent. Ouverture avec Queer, fermeture avec Only happy when it rains, l’essentiel du dernier album, le tout avec un son de facade irréprochable. Y a pas à dire, certains groupes vieillissent mieux que d’autres. Pour ceux qui n’étaient pas encore à genoux, Ska-P a clôturé ces deux jours avec un set sans surprise et dansant (balochant) à souhait. Le discours est toujours le même et gentiment démago mais l’essentiel est dans la musique, et c’est bien tout ce qui compte. Rendez-vous, on l’espère, l’année prochaine [1].
[1] Organisé par les responsables de l’Abordage d’Evreux (salle de concerts extrêmement dynamique à la programmation pointue, dirigée par Jean-Christophe Aplincourt), le festival du Rock dans tous ses états sera-t-il au rendez-vous l’année prochaine ? C’est la question que se posent tous les festivaliers puisqu’ils étaient invités à remplir une carte postale à destination du maire d’Evreux, Jean-Louis Debré, afin de réclamer le label SMAC (Scènes de musiques actuelles) qui avait été promis à l’Abordage. Promis, annoncé puis... retiré ! Le comité de soutien a récolté 8 000 de ces cartes qu’ils ont apportées aux élus. Ces derniers ont simplement daigné convenir d’un rendez-vous mi-juillet pour faire le point sur la situation. On suit l’affaire de près, et on croise les doigts pour que la 23e édition de ce festival se déroule sous les meilleurs auspices.
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