Le 24 décembre 2017
Premier et grand film sur l’alcoolisme, Le poison est d’une force et d’une noirceur encore étonnantes.
- Réalisateur : Billy Wilder
- Acteurs : Ray Milland, Jane Wyman, Howard Da Silva, Phillip Terry, Doris Dowling
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Swashbuckler Films
- Durée : 1h41mn
- Reprise: 10 janvier 2018
- Titre original : The Lost Weekend
- Date de sortie : 14 février 1947
L'a vu
Veut le voir
– Année de production : 1945
– Oscars 1945 : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleur acteur ; Festival de Cannes 1946 : Palme d’Or et Prix d’interprétation masculine
Résumé : Birnam devait partir en week-end avec son frère Nick et auparavant assister à un spectacle à l’opéra avec sa fiancée, Helen, qu’il a rencontrée il y a trois ans. Mais une implacable maîtresse l’empêche de réaliser ces deux agréables projets. Plus tentante et cruelle que la plus belle des femmes, elle l’oblige à voler et à traîner de bar en bar. Son nom : alcool. Heureusement l’amour d’Helen le retiendra au bord du gouffre.
Notre avis : Vue générale de New York ; une façade banale, une fenêtre avec une bouteille qui pend, attachée à une ficelle. Ainsi commence le sixième film de Billy Wilder, sur l’idée de dissimulation et de honte qui va traverser ce métrage poignant sur la déchéance d’un écrivain raté et alcoolique. En s’appuyant sur un scénario co-écrit avec son complice Charles Brackett, le cinéaste joue sur du velours : la description est impitoyable et multiplie les séquences douloureuses, comme celles du vol dans un restaurant ou des hurlements à l’hôpital ou celle, longue, de la marche dans les rues (et tournée en décors naturels) pour vendre sa machine à écrire, qui tient du chemin de croix. Ray Milland reçut pour cette interprétation un Oscar et un prix d’interprétation à Cannes, et on comprend pourquoi : en homme dévoré par l’addiction, pitoyable ou lyrique, il est remarquable, toujours à la limite du cabotinage et réellement habité par un rôle très préparé.
Si les dialogues sont parfois brillants, parfois un peu trop abondants, Wilder ne se contente pas de mettre en images un film à thèse et moraliste : il joue en maître des possibilités du cadre, que ce soit par l’utilisation de la profondeur de champ (la scène dans laquelle il appelle Helen en se cachant), des très gros plans, ou des multiples façons de valoriser des objets, la machine à écrire ou les bouteilles dissimulées. De même multiple-t-il les plans de grilles qui enferment son personnage dans sa condition.
Premier film hollywoodien consacré à l’alcoolisme, Le poison n’est pas pour autant exempt de défauts : la musique de Miklos Rozsa n’est pas toujours légère, même si le thème de l’alcool frappe par son efficacité ; de même quelques séquences insistantes ou maladroites (l’hallucination…) sont-elles de trop, mais le regard humain et dénué de moralisme, le jeu irréprochable de Jane Wyman, qui n’avait pas encore tourné avec Sirk, ou du sobre Howard Da Silva en barman ambigu et la précision de la descente aux enfers valent largement qu’on revoie aujourd’hui cette œuvre méconnue et prenante. Wilder y fait peu de concessions et sa vision sombre épouse un crescendo dramatique jusqu’à un final en boucle, happy end incertain.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.