Le plafond de verre & Les défricheurs

Français trop basané cherche un emploi désespérément. Deux documentaires à voir absolument.

L’argument : Le plafond de verre et Les défricheurs témoignent, à travers le point de vue de victimes, d’experts, d’associations et d’entreprises, de la difficulté pour les descendants d’immigrés - aujourd’hui Français à part entière - de trouver du travail dans leur pays. Tout en mettant en exergue des parcours professionnels qui, certes, confirment la règle mais donnent la preuve qu’il est possible de lutter contre cette discrimination à l’embauche des "Noirs et des Arabes".

Notre avis : Le plafond de verre et Les défricheurs sont des documentaires très émouvants sur un sujet (très) sensible dans l’Hexagone. On regretterait même que ces parcours professionnels chaotiques - ou leur absence - de Français dont le seul tort est de ne pas avoir la couleur locale, ne soient de simples fictions. Ce chemin de croix sur la route de l’emploi est une particularité bien française, comparée aux expériences britannique, américaine et canadienne en la matière. Pourtant, ce n’est pas faute pour ces Français "de seconde zone" d’être "intégrés". Leur drame est d’autant plus profond qu’il touche à l’un des domaines qui contribuent à l’épanouissement de l’homme : le travail. Certains en sont devenus malades, au propre comme au figuré, perdant foi en eux-mêmes. D’autant plus qu’ils n’auraient jamais imaginé être confrontés à pareille discrimination. D’autres résistent au système en s’appuyant sur leur foi en des lendemains meilleurs. D’autres encore espèrent tout simplement faire changer les autres en agissant. L’association Africagora, de l’entrepreneur français d’origine ivoirienne Dogad Dogui, en est un exemple. Son credo : le réseau. Un réseau de personnes qui, en dépit du "plafond de verre", ont réussi dans le monde du travail et qui tendent la main aux plus jeunes en valorisant leurs compétences.
Qui est à blâmer devant tant de gâchis ? L’Etat français qui ne fait rien pour lutter contre cette discrimination à l’embauche ? Elle est bien belle cette République, si fière de prôner l’Egalité avec un grand "E", alors même qu’elle nourrit bien des inégalités. Leur gravité s’évalue sur le plan économique parce qu’investir dans la formation de cadres et de cadres supérieurs qui ne seront pas intégrés dans le tissu économique, c’est ce qui s’appelle une perte sèche. Mais surtout à l’aune des ravages psychologiques qu’elles causent sur les personnes concernées. Résultats des courses : un désastre humain, nous dit Yamina Benguigui. La faute aux autres Français, les Blancs ? Eux qui n’ont peut-être pas compris que les Yannick Noah et Zinedine Zidane qu’ils plébiscitent [1] ont des cousins beaucoup moins célèbres qui aspirent, avec d’autres talents, à participer à la vie de leur pays ?

Car ce sont les mêmes personnes qui ne voudraient pas être dirigées - ils sont moins regardants quand il s’agit de les servir à des postes qui nécessitent une moindre qualification - par un "Nègre" ou un "Arabe". Ou enfin, la faute à une histoire de France méconnue ? Même de ceux dont on s’y attendrait le moins. A savoir les responsables politiques et intellectuels. Des leaders d’opinion sur qui l’on compte souvent pour éclairer notre lanterne. Yamina Benguigui joue, pour sa part, à travers la qualité des témoignages recueillis, la carte de l’information et de l’espoir. Celui que porte en lui tout être humain et qui, conscient d’une injustice, s’attelle à la réparer. Cette prise de conscience, face à un mal qui gangrène la société française, la réalisatrice la suscite aussi largement. A nous de ne pas rater cette opportunité afin que l’année 2006, à l’instar des vœux de Jacques Chirac, le président de la République Française, soit celle de l’égalité des chances. Au cas où tout ceci manquerait de clarté : Le plafond de verre et Les défricheurs sont deux documentaires à voir absolument !