Le 29 juin 2021
Un hymne à la liberté et à la détermination féminine, porté par un impeccable trio de comédiennes.
- Réalisateur : Yamina Benguigui
- Acteurs : Isabelle Adjani, Rachida Brakni, Rachid Djaïdani, Maïwenn, Hafsia Herzi, Djanis Bouzyani, Fettouma Bouamari
- Genre : Drame
- Distributeur : Jour2fête
- Durée : 1h34mn
- Date télé : 10 juillet 2024 22:35
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 30 juin 2021
- Festival : Festival d’Angoulême 2020
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Résumé : Depuis trente ans, trois sœurs franco-algériennes, Zorah, Nohra et Djamila vivent dans l’espoir de retrouver leur frère Rheda, enlevé par leur père et caché en Algérie. Alors qu’elles apprennent que ce père est mourant, elles décident de partir toutes les trois le retrouver en Algérie dans l’espoir qu’il leur révèle où est leur frère. Commence alors pour Zorah et ses sœurs une course contre la montre dans une Algérie où se lève le vent de la révolution.
Critique : Yamina Benguigui est d’abord une militante politiquement engagée. Elle a été ministre déléguée auprès du ministère des Affaires étrangères, chargée de la francophonie ou adjointe à la mairie du vingtième arrondissement de Paris, entre autres. Son implication citoyenne est également cinématographique : on lui doit de nombreux documentaires et téléfilms autour des thèmes des droits de la femme, des discriminations, des difficultés de l’immigration et même de l’écologie. Ici, la réalisatrice plonge dans ses souvenirs personnels pour s’arrêter sur le statut des femmes de sa génération, issues de l’immigration algérienne et tiraillées entre émancipation et passé familial. En suivant le parcours de trois protagonistes différentes, mais réunies par leur appartenance à la même famille et à cette double culture qui trouble, depuis toujours, leur identité personnelle, le récit aborde sans détours le point de vue exclusivement féminin des Françaises originaires d’Afrique du Nord (jusqu’à présent, le cinéma nous avait plutôt proposés un regard masculin sur ce thème de l’immigration).
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Déçue par une vie professionnelle décousue, Norah (Maïwenn) revient se consoler auprès de sa mère qu’elle accuse pourtant d’être responsable de son déséquilibre permanent. Ses sœurs aînées, Zorah et Djamila, respectivement interprétées par Isabelle Adjani et Rachida Brakni, dont elle jalouse la réussite (l’une est metteuse en scène de théâtre, l’autre s’est lancée dans la politique), ne parviennent pas à la raisonner, malgré la solidarité dont elles font preuve. Il faut dire que Norah a subi de plein fouet les conséquences du choix de leur mère : celle-ci a divorcé d’un homme violent et dominateur. En effet, la loi algérienne accordant tous les pouvoirs au père, il a pu garder avec lui, contre le gré de leur mère, ses deux plus jeunes enfants. Si Norah est parvenu à échapper à son emprise, Redah, le petit dernier, a disparu et fait désormais figure de fantôme au sein de cette famille déconstruite, porteuse d’une douleur inapaisable dont chacune se rejette la responsabilité et qui atteint son paroxysme quand Zorah, (Isabelle Adjani), la plus âgée, décide de mettre en scène leur histoire.
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Si le premier segment se consacre surtout, entre tourment et résilience, à la façon dont les événements de l’enfance ont modelé leur vie actuelle, la deuxième partie témoigne des remous actuels d’une Algérie qui remet en cause les bases d’un régime patriarcal et, par là même, les actes d’un père abusif devenu le tortionnaire de sa femme et de ses filles. Une façon habile pour la réalisatrice de diriger la narration vers un militantisme destiné à rappeler aux femmes l’éternelle nécessité de leurs combats, aujourd’hui comme hier.
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S’appuyant sur une écriture tout en finesse et un subtil mélange entre traumatisme familial et actualité, grandes joies et deuil impossible, la réalisatrice réussit à dresser un tableau captivant, car plein de vie. Si la mise en scène se tient à distance et n’enveloppe pas suffisamment ses héroïnes dans l’écrin qu’elles méritent, la vitalité qui se dégage de chacune d’elles, le franc-parler qui les anime, leur capacité à générer un kaléidoscope infini d’émotions, font de cet appel à la résistance féminine une œuvre puissante qui incite à la réflexion. Ce film est porté par ses comédiennes : parmi elles, on mentionnera l’époustouflante Rachida Brakni et Fettouma Bouamari, criante de vérité dans son rôle de mère martyre, ainsi que la toujours mutine Hafia Herzi, sans oublier l’impeccable Isabelle Adjani, dont le talent n’est plus à prouver, et enfin l’impétueuse Maïwenn.
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