Le 17 janvier 2015
Une série B à voir, principalement pour le travail du metteur en scène et celui, magistral, du chef-opérateur.
- Réalisateur : Robert Florey
- Acteurs : John Payne, Sonny Tufts, Ellen Drew, Rhys Williams, Percy Helton
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 1h27mn
- Titre original : The crooked way
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– Sortie DVD : le 6 janvier 2015
Une série B à voir, principalement pour le travail du metteur en scène et celui, magistral, du chef-opérateur.
L’argument : Vétéran de la Deuxième Guerre Mondiale, Eddie Rice sort amnésique de l’hôpital militaire. La conséquence d’une blessure à la tête. De son passé, il ne dispose que d’une information : son bureau d’engagement dans l’armée. En s’y rendant, Eddie est interpellé par deux policiers qui affirment qu’il est en réalité Eddie Riccardi, un criminel de mèche avec le gangster Vince Alexander. Le début d’une vertigineuse descente aux enfers.
Notre avis : Quand Robert Florey tourne Le Passé se venge, il est à la fin de sa carrière cinématographique, commencée au temps du muet, et qu’il prolongera par de nombreux téléfilms. On connaît peu son œuvre en France, mais elle comporte des longs-métrages variés (comédie, polar, fantastique, presque tous les genres sont représentés ; il a même réalisé un Tarzan, le premier film des Marx Brothers, et travaillé avec Chaplin sur M. Verdoux), dont certains sont passés à la postérité : Double assassinat dans la rue Morgue, ou La Bête aux cinq doigts, par exemple. Mais, outre que cette carrière est réputée inégale, une part importante en est invisible, ce qui empêche un jugement d’ensemble. On est donc curieux, et ravi, de découvrir cette série B, fondée comme Quelque part dans la nuit de Mankiewicz sur l’amnésie du héros, et fortement inspirée par lui.
Pour apprécier pleinement Le Passé se venge, il faut d’abord accepter un scénario ni très original ni très fin ; il faut ensuite passer sur l’interprétation principale : John Payne n’a pas grand charisme et son jeu monolithique, s’il convient à certaines scènes dans lesquelles il se montre laconique et ferme, trouve vite ses limites ; Ellen Drew, plutôt efficace dans un rôle sacrifié, n’est ni Gene Tierney ni Ava Gardner. Même le méchant, interprété par Sonny Tufts, n’a pas grande envergure et sa fin, qui fait penser à celle du Petit César, manque singulièrement de classe. Heureusement, les seconds rôles, et surtout Percy Helton, rehaussent le niveau.
Dans ce film noir tardif, qui vient après les classiques du genre, on a constamment l’impression de manque : manque de charisme, on l’a dit, manque de finesse des dialogues, de caractérisation des personnages, manque de cohérence aussi. Le Passé se venge n’a pas la beauté vénéneuse de Laura, ni le fatalisme froid des Tueurs, il est trop lisse, pas assez poisseux.
Et pourtant… Deux éléments sauvent le film et le rendent passionnant : d’abord la mise en scène de Florey, qui sait jouer de la profondeur de champ, mais aussi, de manière plus personnelle, d’une utilisation très fine des plongées et contre-plongées. La ville nocturne et le magasin de surplus de l’armée, en particulier, lui donnent l’occasion de prouver sa maîtrise de l’espace et du cadre en des plans constamment inventifs. Et surtout, il y a la magnifique photo de John Alton, chef-opérateur d’Allan Dwan, Anthony Mann ou Minnelli, qui rend le clair-obscur magique, en une recherche perpétuelle à la fois esthétique et signifiante. On n’oubliera pas la première apparition du héros, le visage obscur, dans un cabinet médical à la savante composition. Mais il faudrait citer la plupart des séquences, tant la « patte » d’Alton réjouit l’œil et l’esprit. Et c’est admiratif qu’on oublie les carences du scénario ou les limites de l’interprétation pour se concentrer sur le noir et blanc superbe et les éclairs de mise en scène.
Les suppléments :
Comme pour les autres titres de la collection, les présentations de Bertrand Tavernier (30 mn), Patrick Brion (11 mn) et François Guérif (8 mn), apportent des éclairages érudits sur la plupart des aspects du film, le réalisateur, les acteurs et surtout, évidemment, le chef-opérateur. Une galerie de photos à la qualité moyenne ferme la marche.
L’image :
La copie a été restaurée et, dans l’ensemble, rend justice à la beauté plastique du film. Néanmoins, certains problèmes subsistent : points blancs, griffures. Quelques plans demeurent très abîmés et il y a deux sautes d’images.
Le son :
Lui aussi restauré, il est propre et met en valeur les dialogues, quasi limpides. La musique est moins bien traitée, avec des passages stridents. Une seule piste est proposée, en Dolby Digital 2.0 mono et en VO sous-titrée.
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