Le 4 décembre 2017
Un thriller inégal, mais dont la première partie comporte nombre de moments assez forts pour oublier la fin convenue.
- Réalisateur : René Clément
- Acteurs : Jean Piat, Charles Bronson, Marlène Jobert, Gabriele Tinti, Annie Cordy, Jill Ireland, Marcel Pérès, Marc Mazza, Corinne Marchand, Jean Gaven, Marika Green
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Compagnie Française de Distribution Cinématographique (CFDC)
- Editeur vidéo : Tamasa
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 20 avril 2024 22:35
- Chaîne : OCS Géants
- Box-office : 4 763 822 entrées France.
- Date de sortie : 21 janvier 1970
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Résumé : Un soir, un inconnu surprend Mélancolie Mau seule chez elle et la viole. Folle de terreur, elle le tue et se débarrasse du cadavre. Mais peu de temps après, un mystérieux Américain la harcèle de questions. Refusant d’avouer le meurtre, elle se retrouve alors impliquée dans une lutte sans merci avec son inquisiteur.
Critique : Le passager de la pluie est un thriller estimable, sans doute parce qu’il se centre non pas sur l’intrigue policière, cousue de fil blanc, mais sur l’affrontement psychologique entre Harry et Mélancolie, entre deux vedettes dont les numéros sont très au point : Bronson, en dur qui s’humanise peu à peu ; et Marlène Jobert dont la voix et les mines de femme enfant font merveille. C’est d’ailleurs dans le huis clos que le film est le plus convaincant, l’ambiguïté de leur relation, les dialogues de Japrisot, la scénographie même contribuant à sans cesse redistribuer les rôles. On part donc d’une femme mutine, objet de rebuffades de la part de son mari et de sa mère : les ongles rongés (signe, d’après un personnage, de maintien dans l’enfance), les vêtements, comme la voix et le langage (elle remplace les gros mots par « tambour », répète « pas vrai ! ») disent assez qu’elle n’a pas grandi et se complaît dans une relation de dépendance inégale ; son mari lui envoie à la figure le modèle de ses parents, et sa mère soumise.
Il faut un choc, c’est à dire un viol suivi du meurtre de l’agresseur pour que tout change, pour que de cette gamine empêtrée dans une culpabilité ancienne sorte une femme plus décidée et forte. Cela ne va pas sans lourdeurs, notamment en ce qui concerne les flash-back, mais le portrait dessiné souvent finement ne manque pas de charme. Face à elle, l’énigmatique Harry Dobbs incarne d’abord le père idéal, celui à qui on ne peut mentir et qui sait tout, celui aussi qui initie à l’alcool, le sauveur qui viendra la délivrer des griffes de barbares mondains, dans ce qui est l’une des séquences les plus faibles du film. De père persécuteur, il devient allié puis, comme le révèle le « test des noix », amoureux. Et s’ils doivent se quitter à la fin, ce n’est pas sans émotion, mais c’est un renoncement nécessaire pour que Mélancolie devienne femme et que sa mère l’accepte enfin en l’appelant par son prénom.
Quand elle va à la gare pour chercher un sac mystérieux, mais dont il faut bien le dire on se moque éperdument, un agent dit : « Mais tout le monde est un menteur ». Cette phrase, captée incidemment, fonde à peu près tous les rapports humains du film : Mélancolie ment à Harry ; Harry, Tony et Nicole mentent à Mélancolie ; et ces tromperies constituent le socle des relations. L’explication qui en est donnée, d’ordre quasi-psychanalytique, est moins satisfaisante que l’idée assez sombre selon laquelle la vérité n’est ni atteignable ni même souhaitable. En ce sens aussi le film s’affadit vers la fin, quand l’ambiguïté se délite.
Le scénario de Japrisot excelle à fournir de menus détails, des reprises, des échos, qui charpentent solidement le métrage ; et si René Clément bâcle certaines séquences, il fait preuve ailleurs d’une belle maîtrise, par exemple dans la scène du viol, remarquable morceau de tension. De même le début, étrange et efficace, côtoie-t-il le fantastique, avec cet étonnant dialogue : « Le car n’amène jamais personne. » « Alors c’est la pluie ». De cette trouvaille comme d’autres, Clément tire un parti poétique et soigné, qui fait regretter que le film soit trop long, trop explicatif. Tel quel, il demeure une œuvre solide, portée par des comédiens impeccables, dont Annie Cordy à contre-emploi.
– Ce film fait partie du coffret Tamasa consacré aux thrillers de René Clément paru le 7 novembre 2017
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