Baby blues
Le 6 août 2023
L’un des sommets du cinéma d’horreur suggestif des années 70.
- Réalisateur : Larry Cohen
- Acteurs : John P. Ryan, Sharon Farrell, James Dixon, Michael Ansara, Andrew Duggan, Robert Emhardt
- Genre : Science-fiction, Fantastique, Épouvante-horreur
- Editeur vidéo : Warner Home Video
- Durée : 1h31mn
- Titre original : It's Alive
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 26 février 1975
- Festival : Festival d’Avoriaz 1975
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Résumé : Une jeune Américaine accouche d’un bébé monstrueux et meurtrier qui, dès qu’il ouvre un œil, assassine médecin et infirmières.
Critique : À l’instar de La nuit des morts vivants, Le monstre est vivant a révolutionné le cinéma d’horreur des années 60-70 : une intrigue minimaliste, la description d’un quotidien banal bouleversé par l’irruption d’une violence mystérieuse, l’alternance de séquences de suspense et de (rares) plans gore. C’est un cinéma qui fait la jonction entre la poésie horrifique d’un Jacques Tourneur et le fantastique extraverti des Dario Argento, John Carpenter et autres Wes Craven. Du premier courant, Larry Cohen retient l’art de susciter la peur sans filmer explicitement le personnage qui sème le trouble et le meurtre. Le bébé n’est montré que partiellement, une bande-son efficace laisse entendre ses cris terrifiants, et une caméra subjective (avec plans flous) nous identifie par intermittence au petit alien. De même que Jacques Tourneur ne filmait pas véritablement Simone Simon se transformer en panthère dans La Féline (1942), le cinéaste nous épargne les instants qui auraient pu paraître excessivement glauques (les assassinats après la rupture du cordon ombilical) : le plan d’un médecin sortant en sang du bloc opératoire est suffisamment suggestif. En même temps, Le monstre est vivant anticipe la vague du film d’horreur et de serial killer qui formera un genre en soi dans les décennies suivantes, de Halloween à Scream, avec ici une économie de moyens et d’effets spécifique à la série B, ainsi qu’une utilisation plus judicieuse des temps de repos pour mieux susciter l’oppression puis la surprise devant les séquences à nouveau horrifiques. Bien entendu, Larry Cohen connaît par cœur son petit Hitchcock illustré mais on ne s’en plaindra pas, tant on est ici dans le domaine de l’influence et de la référence plutôt que du plagiat. Outre les stridences musicales de Bernard Herrmann, compositeur attitré de Sir Alfred, on notera des correspondances manifestes avec Psychose : la vieille dame criminelle est remplacée par un bébé meurtrier, et plusieurs détails font écho à cette autre œuvre culte : la montée des marches de l’escalier dans l’appartement, les traces de la présence du corps dans le lit, et surtout la longue exposition trompeuse qui brouille les pistes et peut laisser songer à une chronique intimiste. À cet égard, l’american way of life se retrouve quelque peu malmené, l’enfant plus que sauvage étant ici un pavé dans la mare d’un certain conformisme familial. Le monstre est vivant fut l’objet de plusieurs suites d’une médiocrité indéniable, Cohen se contentant d’exploiter un filon.
– Festival du Film fantastique d’Avoriaz 1975 : Prix spécial du Jury
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