Le Monde selon Zach – La chronique BD

L’histoire démarre sur l’enfance de Zach et la bascule irrémédiable. Si on ne comprend pas tout de suite ce qui se passe, les années ellipsées et le Zach adulte que l’on retrouve nous permet de saisir très vite ce qui l’éloigne du reste du monde. Perçu au mieux comme un doux rêveur et au pire comme un imbécile de première classe, Zach se moque bien du regard des autres et continue son voyage imaginaire. Tout pourrait continuer sans encombre jusqu’au jour où il rencontre Clélia, jeune actrice de film pour adultes. Deux solitudes, l’une joyeuse et avide de rencontres et l’autre désabusée et voulant retrouver la tranquillité, qui vont se télescoper pour le pire et peut-être pour le meilleur...
L’innocence sans frontière de Zach sauvera-t-elle Clélia ? Et comment un ange pourrait-il sauver une âme perdue ? C’est les réponses que va tenter d’apporter cette BD.
Mais indirectement, cette histoire soulève une autre question. Celui qui voit le verre à moitié plein dans un monde si hostile et une société si peu recommandable que la notre est-il vraiment à mettre à l’écart ? Le thème du naïf à la vision parfois plus juste que les intelligents est certes un vieux sujet mais il est bon de nous rappeler que le cynisme ambiant pourrait utilement s’effacer derrière une autre manière de voir les choses. Une manière plus humaine et, comme qui dirait, moins économique, moins conservatrice...

Le graphisme semi-réaliste de Djet donne au personnage une incarnation forte. On sent bien que l’on pourrait rencontrer Zach au hasard de nos emplettes dominicales ou Clélia au détour d’un festival de l’érotisme. Les couleurs savent rester discrètes pour finalement éclater et apporter sens et corps à l’histoire. Le contraste entre la vision de Zach et notre vision est suffisamment marquée par ce rose plutôt mauve qui finit par devenir partie intégrante de l’histoire.
Ce road-movie presque psychédélique, mais sans la prise d’aucune substance illicite, nous entraîne sur les pas de ces deux personnages attachants pour différentes raisons. Et finalement, le monde selon Zach, ce pourrait être un peu votre conte de Noël de l’été !

Ce récit permet de décompresser de son rude quotidien, au travers de protagonistes vraisemblables et riches d’émotions qu’ils n’hésitent pas à partager et à nous faire ressentir. Une histoire simple et sans prétention, à part celle de laisser un sourire sur notre visage et une question sur nos lèvres : "Et si Zach était plus proche de la réalité que nous, finalement ?"