Le 23 avril 2018
Un film de monstres gentiment désuet, reflet d’une époque.
- Réalisateur : Irwin Allen
- Acteurs : Michael Rennie, Claude Rains, Jill St. John, David Hedison, Fernando Lamas
- Genre : Drame, Science-fiction, Aventures
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h36mn
- Box-office : 480 296 entrées France / 76 961 entrées P.P.
- Titre original : Sir Arthur Conan Doyle's The Lost World
- Date de sortie : 21 novembre 1960
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Résumé : Le Professeur Challenger organise une grande expédition. Accompagné d’une équipe de scientifiques, il part en pleine jungle amazonienne pour explorer une plaine sur laquelle vivent encore des dinosaures.
Notre avis : Les jeunes gens d’aujourd’hui, à l’heure des effets spéciaux numériques et de leur qualité croissante, risquent de ricaner devant cette adaptation du roman de Conan Doyle, et remake d’un muet de 1925. De l’araignée fluorescente aux lézards maquillés et agrandis en guise de dinosaures, la naïveté frise le ridicule et il faut l’attendrissement de l’âge pour regarder sans rire cette aimable série B. De même certains dialogues ou situations, tel détail incongru (le caniche, la sauvageonne de type californien, les tenues roses de l’héroïne...) empêchent d’adhérer totalement sans pour autant atteindre le second degré.
Mais Irwin Allen, qui vit son budget largement amputé par rapport au projet initial (d’où la faiblesse des effets spéciaux), a justement le bon goût de jouer la carte du livre d’image, de la bande dessinée à l’ancienne, sans complexité ni zones d’ombre. Son héros est un vrai héros (un peu fade, sans doute), les jeunes filles sont charmantes, le professeur est bougon et mégalo à souhait ; il y a même un être vil et cupide (oui, l’étranger…), une sombre histoire de vengeance et un quasi-revenant. De quoi, sinon se passionner, du moins ne pas s’ennuyer. Le film fait même preuve d’esprit dans la première partie, soignant les répliques cinglantes et drôles des scientifiques concurrents. Et par moments, comme touché par la grâce, le cinéaste a des fulgurances esthétiques : les belles toiles d’araignée qui dessinent un labyrinthe, ou la fuite finale, dans de magnifiques décors de cavernes somptueusement éclairées. Là se trouve la véritable ambition du Monde perdu, moins dans ses faiblesses narratives ou financières que dans un bricolage habile et infiniment sympathique.
Dans ce monde caricatural, tout ce qui est esquissé est plus intéressant que ce qu’Allen souligne lourdement : le triangle amoureux est hélas vite gâché par des explications pesantes ; de même quelques images, telles que l’hélicoptère déchiqueté, valent mieux que les lézards grotesques et assez éloignés des dinosaures... C’est dans l’allusif, le biais, que le film gagne en force.
On est très loin évidemment de Jurassic Park et de ses dinosaures de synthèse, mais aussi de la tension que Spielberg parvient à instaurer et à maintenir ; ici le rythme même est bon enfant, sans rien d’oppressant ; si danger il y a, il est vite circonscrit et, au final, on compte peu de morts. C’est qu’on est dans un genre un peu désuet, le film familial à l’ancienne, qui ne devait choquer personne. Un pur divertissement, conçu pour amuser des enfants et ne pas trop ennuyer leurs parents. En ce sens, Le monde perdu n’a rien de déshonorant ; il éveillera même chez les plus anciens une nostalgie certaine, celle de ce cinéma du samedi soir, inoffensif et charmant.
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