Le 4 août 2017
Un film de science-fiction vieillot, presque touchant.


- Réalisateur : Irwin Allen
- Acteurs : Peter Lorre, Walter Pidgeon, Joan Fontaine, Robert Sterling, Barbara Eden
- Genre : Science-fiction, Aventures
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h45mn
- Box-office : 478 099 entrées (France) dont 76 633 (Paris-périphérie) / 7 M$ (USA)
- Titre original : Voyage to the Bottom of the Sea
- Date de sortie : 12 juillet 1961

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Résumé : En mission au pôle Nord à bord de son sous-marin atomique, l’amiral Nelson brave l’interdiction de ses supérieurs pour tenter de sauver la planète d’un sombre péril.
Notre avis : Sentiment curieux, à la vision de ce film gentiment désuet : on se sent perplexe devant des péripéties qui sécrètent une tension minimale, à cause entre autres d’un rythme anémique ; on s’ attriste de voir un Peter Lorre réduit aux utilités, fumant dans un coin ou absent, les mains dans les poches ; on s’amuse d’effets spéciaux sans doute novateurs pour l’époque mais sévèrement datés (la première pieuvre géante est proprement ridicule).
Et pourtant un charme léger, évanescent, peut-être nostalgique, s’empare du spectateur bien disposé. La naïveté de l’argument s’oppose fortement aux volontés plus ou moins métaphysiques d’une grande partie de la SF contemporaine : rien des héros torturés à la Nolan, rien d’un questionnement sur l’homme, hormis une vision religieuse que l’on pouvait encore caricaturer à cette époque. Et cette naïveté contamine jusqu’aux combinaisons de plongée aux couleurs si vives, ou à l’intérieur du sous-marin, aéré et rutilant. L’avenir, en 1961, était aseptisé, poli et coloré.
À partir du problème initial, Allen développe un double danger : extérieur (les mines, les pieuvres) et intérieur avec sabotage et tentative de mutinerie. Mais il les sépare consciencieusement, préférant la clarté à la complexité, ce qui évoque de manière lointaine les serials d’antan. On n’en est d’ailleurs assez proche, tant les personnages sont simplistes et définis une fois pour toutes (hors traîtrise, bien sûr). On se doute que l’amiral Nelson (sic) triomphera du péril planétaire, et la solution frappe encore par sa simplicité, on sait bien que le sous-marin arrivera à temps. Mais le plaisir vient du terrain connu, justement, de cette sensation muséale de remonter le temps. Le film échappe aux aspérités et, dans la grande tradition classique, se veut fortement rassurant : dormez tranquille, les Américains veillent, malgré les atermoiements de l’ONU et les scientifiques européens. Les USA se voyaient encore en conquérants sans limites, en sauveurs du monde héroïques. Rien ne pouvait ébranler cette confiance en leur force et en leurs capacités technologiques. Même le nucléaire ne posait aucun problème, évidemment utilisé à bon escient. Bref, avant les contestations de la décennie suivante, avant les personnages torturés et en proie au doute, il y avait la vieille gloire, sûre de son bon droit et, d’une certaine manière, prédestinée à la rédemption : les hommes ont été irresponsables et prétentieux, mais in fine l’Amérique rédime l’humanité. On sourit aujourd’hui de cette conception manichéenne, mais peut-être secrètement regrette-t-on un monde plus simple, plus lisible, un monde dans lequel l’engagement avait un sens sans nuance. Nous restent donc des films comme celui-ci, moraux et clairs, reposants par leur limpidité.