Le Metteur en scène de mariages - Marco Bellocchio - critique

Critique : Cinéaste révélé dans les années 60 (Les Poings dans les poches), Marco Bellocchio est un créateur inégal mais important à qui on doit Le Saut dans le vide (double prix d’interprétation à Cannes en 1980) et surtout deux récents opus, modèles d’intelligence narrative et filmique : Le Sourire de ma mère (2002) et Buongiorno, notte (2003). Le Metteur en scène de mariages reprend la thématique des doutes politiques et religieux d’une Italie en pleine phase réflexive, tout en se voulant une introspection artistique. En sorte, il s’agit du 8 ½ de Bellocchio, et le film n’est pas sans rappeler Le Caïman de Moretti, présenté la même année 2006 à Cannes. Sergio Castellitto incarne un réalisateur en panne créative. Un vieil aristocrate cynique et obscur (Sami Frey, ténébreux comme d’hab) lui propose de filmer la cérémonie de mariage de sa fille (la splendide Donatella Finocchiario, déjà vue dans Angela). Entre-temps, le réalisateur aura croisé sur la plage le fantôme d’un confrère suicidé, et qui espère par ce geste recevoir à titre posthume le Donatello (Oscar italien) du meilleur cinéaste. L’humour n’est pas absent de cette farce surréaliste qui comporte de belles idées de cinéma : la proposition de saynète de mariage au bord de l’eau constitue un grand moment de mise en scène. Si d’aucuns pourront lâcher prise devant le narcissisme inévitable de ce genre cinématographique, ceux qui entreront dans le jeu du conte satirique seront sensibles au style sans failles de Bellocchio.