Le Journal du Off - La chronique BD

Les coulisses du monde politiques suscitent toujours beaucoup de fantasme, et la campagne présidentielle qui s’est achevée n’a pas été avare en retournement de situations, rumeurs, alliances et trahisons, de quoi alimenter un scénario de film, ou… une bande dessinée. L’objectif des auteurs est ici de retranscrire le plus fidèlement possible les off obtenus par les journalistes de la part des différents protagonistes de la campagne présidentielle. Pour rappel : un off est une confidence qu’effectue une femme ou un homme politique en dehors de tout enregistrement, et dont il sait qu’elle n’apparaîtra pas dans la presse. C’est une source précieuse pour les journalistes politiques.

L’album s’ouvre sur Nicolas Sarkozy au JT de 20h, qui imagine alors pouvoir reconquérir l’Élysée - ©Glénat

Le Journal du off a été pensé par deux journalistes : Renaud Saint-Cricq et Frédéric Gerschel, ce dernier n’ayant malheureusement guère pu suivre la campagne présidentielle, puisqu’il s’est retrouvé dans le coma après un accident de la route près de Moussoul, en Irak, alors qu’il couvrait les combats contre Daesch. Le dessinateur James croque les différentes figures politiques avec un coup de crayon à mi chemin entre réalisme et caricature, mais qui fait que tous les personnages - même si certains (Sarkozy, Hollande, Hamon) sont mieux réussi que d’autres (Macron) - sont immédiatement reconnaissables. Le trait est vif, et s’adapte pleinement au rythme soutenu de la narration.

Le Journal du Off s’intéresse aux mésaventures politiques de François Hollande qui le conduiront à renoncer à une nouvelle candidature - ©Glénat

On suit ici Pierre Bogart, journaliste politique fictif chargé de suivre la campagne présidentielle depuis les primaires de la droite et du centre jusqu’à l’élection d’Emmanuel Macron. Par le truchement de ce personnage, les auteurs racontent des off effectivement glanés par divers journalistes pendant la campagne présidentielle. Ainsi, on apprend que Nathalie Kosciusko-Morizet considère Laurent Wauquiez comme un « facho », que Sarkozy comme Montebourg sont persuadés qu’ils vont plier leurs adversaires lors de leurs primaires respectives, que les Républicains ne croient pas un mot de la défense de François Fillon, etc. Le récit, très bien mené de bout en bout, s’avale d’une traite et s’avère passionnant pour peu que l’on s’intéresse un minimum à la politique. Les affrontements fratricides des primaires donnent lieu à de multiples anecdotes croustillantes. Le personnage du journaliste politique, à qui il est donné une certaine consistance dans le récit, nous permet de prendre conscience des réalités de ce métier éprouvant, et si souvent dénigré.
En somme, une lecture d’été bienvenue, qui saura vous passionner si vous avez envie de repasser avec un œil critique la longue séquence politique qui vient de s’achever.