Le journal de Clara – Pauline Cherici, Clément Xavier – chronique BD

Le journal de Clara est le produit d’un projet ambitieux : donner à voir, à travers l’adaptation du journal de la maîtresse de Mussolini, l’envers du décor du régime fasciste. Le destin personnel de l’ambitieuse Clara Petacci croise en effet l’histoire de l’Italie fasciste des années 1930, depuis l’invasion de l’Éthiopie jusqu’à l’effondrement du régime pendant la Deuxième Guerre mondiale. Élevée dans le culte du Duce, la jeune Clara saisit l’opportunité de le séduire et s’impose progressivement comme sa principale maîtresse. Son journal brosse un portrait peu reluisant du dictateur, à la fois violent, vaniteux et lubrique, tandis que ses ministres et conseillers n’osent pas émettre la moindre contradiction de crainte de tomber en disgrâce. Si la relation Clara – Mussolini constitue le cœur de l’histoire, les auteurs s’autorisent des détours pour explorer le destin du mari officiel de l’héroïne ou pour s’arrêter sur la rencontre entre le Duce et Hitler.

Clément Xavier – Pauline Cherici / Actes Sud l’An 2

L’adaptation dessinée repose sur un découpage efficace qui fait la part belle au mouvement.
La dessinatrice Pauline Cherici – dont c’est le premier livre publié – opte pour un dessin sobre et très lisible en nuance de gris. Le travail significatif de reconstitution par le dessin facilite l’immersion du lecteur dans l’histoire, d’autant que les auteurs s’offrent quelques pleines pages qui donnent notamment à voir l’architecture et les objets de l’époque.

Clément Xavier – Pauline Cherici / Actes Sud l’An 2

Chacun des six chapitres s’achève sur une photo d’époque qui se marie parfaitement avec le dessin. En dépit d’un travail historique louable qui contribue à la réussite l’album, on regrettera quelques approximations historiques, notamment lorsque Mussolini s’inquiète dès 1932 de l’expansionnisme de l’Allemagne hitlérienne. Il n’en reste pas moins que Le journal de Clara constitue dans l’ensemble un bel album qui met en évidence la médiocrité d’un homme de pouvoir dont l’image s’est avant toute construite par la propagande.