Joyeux bordel !
Le 28 février 2009
Pascal Thomas défend la fraternité et un Paris moribond dans une fable joyeuse et pleine de vie, formidablement interprétée.


- Réalisateur : Pascal Thomas
- Acteurs : Pierre Arditi, Mathieu Amalric, Lætitia Casta, Noémie Lvovsky, Laurentine Milébo
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français

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– Durée : 1h43mn
Pascal Thomas défend la fraternité et un Paris moribond dans une fable joyeuse et pleine de vie, formidablement interprétée.
L’argument : Francesca et Martin vivent, entre réalité et fiction, dans une joyeuse bohème. Et surtout au-dessus de leurs moyens. Ils occupent en effet un immense appartement à petit loyer qu’ils doivent aux bontés de la vieille loi de 1948. Ce grand appartement est le phalanstère de l’amitié. Mais Francesca doit le défendre contre la rapacité de la propriétaire qui veut le récupérer pour le vendre...
Notre avis : Après un détour par des aventures individuelles avec le très plaisant Mon petit doigt m’a dit, Pascal Thomas revient aux films choraux qu’il affectionne. Car comme dans Mercredi, folle journée ou d’autres de ses œuvres, Le grand appartement grouille de personnages d’âges, d’origines... divers et très variés. Parvenir à faire coexister tout ce petit monde en un seul récit relève de la gageure. Pari tenu, et haut la main encore. Car sans jamais délaisser ses personnages principaux, Thomas parvient à faire la part belle à nombre de seconds rôles, de la mamie qui débloque un brin au cinéaste raté et coureur de jupons de commerçantes (d’alimentation de préférence), en passant par les adolescentes, une famille africaine... Tout ce petit monde cohabite dans un joyeux bazar plein de vitalité et d’humour, mais non dénué de légère gravité.
C’est que Pascal Thomas s’attache également à dresser le portrait d’une ville, Paris (comme il avait choisi Nantes dans Mercredi), en profonde mutation. Livrée à la cupidité et au libéralisme sauvage, la belle capitale perd à la vitesse grand V son âme et le charme de ses quartiers. Et le Paname décrit n’existe déjà plus, ce qui donne au film l’apparence d’une fable, un genre d’enterrement joyeux, dont la fin optimiste ne masque pas la délicate nostalgie (on reste heureusement bien loin du Paris carte postale de l’Amélie au nom de chocolat).
Pour incarner la résistance à cette évolution, Pascal Thomas a opté pour Laetitia Casta. Celle qui posa en Marianne, emblème de la République, qui fut un mannequin atypique (plus petite et charpentée que ses consœurs trop éthérées), apparaît ici croquée au naturel (Thomas en profite pour aborder quelques théories personnelles, à propos de la pilosité féminine par exemple). Elle est d’une beauté fracassante, et très juste. Quant à Mathieu Amalric, il hérite d’un personnage d’homme mi-veule mi-victime, qu’il incarne avec toute la finesse, la distance et l’humour qu’on lui connaît déjà. Tout le reste de la distribution est à l’avenant dans ce film bien écrit, joyeux, bourré de vie, de passion et d’humanité. Un régal !