A cause des filles..? - la critique du film

Notre avis : Dans un monde où tout se doit d’être sérié, numéroté, planifié, Pascal Thomas fait figure de rebelle. A partir d’un scénario qu’il n’a pas encore écrit et dont il a à peine esquissé les grandes lignes pour conserver toute liberté de création, Il prend le prétexte d’un mariage raté pour dérouler pêle-mêle les confessions et les confidences sur la vie en général et l’amour en particulier des maris, des femmes, des amants, des maîtresses, et même des enfants. Car si l’amour parfois déraille, non, ce n’est pas à cause des filles. La faute en est plutôt à ces trajectoires sentimentales aléatoires qui malmènent l’humain éternellement empêtré dans son obsessionnel désir d’être aimé.
Refusant de se laisser gagner par la sinistrose ambiante, il concocte une comédie optimiste et bienveillante à partir des ingrédients qui, depuis Les zozos, jusqu’à Valentin, Valentin, en passant par Les maris, les femmes, les amants ou La dilettante, n’ont jamais cessé de distiller à l’ensemble de ses films un ton fantasque et bouillonnant reconnaissable entre tous. Sous le ciel du Bassin d’Arcachon secoué de bourrasques tant météorologiques que conjugales, il se glisse au cœur de cette famille représentative de la classe moyenne française pour disséquer entre poésie et humour le sempiternel imbroglio hommes-femmes.

Copyright Paradis Films

Ce jeune marié (Frédéric Beigbeder qui de fait n’apparaît à l’écran que très peu de temps) qui abandonne sa famille et la toute récente épousée au milieu de la noce donne le ton. Car l’univers de ce réalisateur libertaire est peuplé de femmes déterminées et triomphantes face à des antihéros dont la pleutrerie n’a d’égale que la soumission. Dans un fouillis plein de fantaisie se dévide ainsi sous nos yeux une multitude de scènes sans fil conducteur, remplies de personnages avenants qui ne craignent nullement de diffuser autour d’eux bonheur et bonne humeur. Au charme autoritaire de Marie-Josée Croze, à la vivacité d’esprit de Barbara Schultz, aux grandes envolées baroques et loufoques de Rossy de Palma, à la voix grave et séductrice d’Audrey Fleurot se heurtent la naïveté poétique de José Garcia, la faiblesse amoureuse de François Morel, la docilité languissante de Louis-Do de Lencquesaing. Si le récit d’abord frivole, puis virant vers quelque noirceur pour frôler le drame avant de retrouver quelques teintes de poésie rêveuse et de finalement s’élancer dans des tourbillons burlesques mâtinés néanmoins d’une légère dose de mélancolie, nous préserve de tout risque de monotonie, la plus belle richesse de cette œuvre chorale réside dans la variété et de ces comédiens qui nous communiquent généreusement leur plaisir de participer à cette grande fête de la vie.

Copyright Paradis Films

Réfractaire à toute idée de starisation, Pascal Thomas a le don de s’entourer de comédiens accessibles auxquels le spectateur n’aura aucun mal à s’identifier et qu’il filme avec un amour qu’il parvient à nous faire partager. Il nous offre ainsi des portraits qui sonnent juste et qui révèlent une vraie sensibilité derrière une fausse apparence de décontraction.
Sous son allure de badinage décousu, A cause des filles..? se révèle être une bouffée d’air régénératrice dans une société de plus en plus cadenassée.