Le voyage en pyjama - Pascal Thomas - critique

Critique : Paul-Émile dit Victor est un homme à femmes. Il faut que son épouse criarde s’embarque avec son amant à peine masqué pour un voyage humanitaire, pour qu’il décide de s’engager à vélo sur un parcours littéraire et sensuel à travers l’Ouest de la France. Les jeunes femmes lui échoient comme des fleurs, qu’elles soient à peine sorties de l’adolescence, lesbiennes, âgées ou délibérément volages. C’est vrai qu’il est élégant, avec les jolies phrases qu’il épèle sur le bout des lèvres ou simplement son sourire bleu. Mais de là à ce que toutes les femmes se jettent à ses pieds, il y a un pas quelque peu soupçonneux.

Copyright Numéro 7, Les Films Français

Pascal Thomas a enchanté le cinéma ces dix dernières années avec des films policiers, écrits à la manière d’Agatha Christie, et bourrés de fantaisie. Le réalisateur revient sur les écrans après plus de cinq ans d’absence avec ce récit alerte, délicat, au bénéfice d’un dandy amoureux de toutes les femmes, et épris de littérature. Il habite une somptueuse maison à Angers, ne se préoccupe pas vraiment de son compte en banque, se jetant dans une année sabbatique, loin du lycée où il enseigne, et qui sera remplie de voyages et de douceur. Bien sûr, il s’agit d’un film, mais le portrait de cet enseignant lunaire est bien éloigné de ce que les professeurs vivent au quotidien dans leurs établissements scolaires, contre une rémunération qui inspire de moins en moins les vocations. Alexandre Lafaurie interprète ce protagoniste décalé et hors temps avec une franche authenticité. On reconnaît dans le phrasé l’habileté du comédien de théâtre. Il ne se presse pas, récite ses textes sans trop y croire, comme il le ferait d’une œuvre écrite pour les planches.

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Le voyage en pyjama ne marche pas. Peut-être parce qu’à force de vouloir faire de la poésie, le propos n’en devient que lourd et déconnecté. Il y a même quelque chose de fortement déshonorant pour les femmes qui remplissent ce conte hors sol, à l’exception de la scène quasi finale qui remet les choses à leur juste valeur en matière de respect du sexe dit faible. Le récit ne s’arrête vraiment sur aucun personnage secondaire, les reléguant à de vagues archétypes romanesques, moins profonds que dérisoires. Le retour sur les écrans de Pascal Thomas sonne hélas comme une énième illustration bourgeoise de la désinvolture et d’un dandysme passé d’âge.