Le 25 mars 2022
Lars Becker signe un polar indigent, plombé par les stéréotypes du genre. Les dialogues ont l’air tout droit sortis d’un sketch.
- Réalisateur : Lars Becker
- Acteurs : Armin Rohde, Almila Bagriacik, Sascha Alexander Geršak
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Allemand
- Distributeur : ZDF, Arte
- Durée : 1h29min
- Date télé : 25 mars 2022 20:55
- Chaîne : Arte
- Titre original : Der gute Bulle - Friss oder stirb
- Date de sortie : 25 avril 2019
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Résumé : Un flic infiltré dans le milieu de le drogue se fait abattre. Le commissaire Fredo Schulz et son plus jeune collègue Milan Filipovic mènent l’enquête. Ils seront aidée par une jeune détenue, Dakota.
Critique : Dès la première scène, on est dans le vif du sujet : l’échange entre voyous donne lieu à une accumulation de grossièretés, qui ferait passer n’importe quel polar d’Alain Delon, tourné dans les années 80, pour un subtil jeu de l’oie imaginé par Mademoiselle de Scudéry. L’assassinat du flic n’arrange par les affaires lexicales : l’énervement des protagonistes responsables du crime engendre une surenchère de mots fleuris. Mais l’essentiel est sauf, les questions enclenchent la réflexion des fautifs : que faire du cadavre ? Comment effacer les traces ?
Il semble bien que le policier infiltré abattu par les dealers de drogue ait été balancé par une "taupe" au sein même du commissariat. Il s’agit tout de même de vérifier et, pour cela, on peut compter sur un duo mille fois vu dans les polars : le vieux briscard un peu blasé et le jeune loup plus actif. Les deux vont s’adjoindre la participation d’une jeune femme, Dakota, incarcérée pour trafic de stupéfiants, ainsi que des coups et blessures volontaires. "Une idée de merde", commente sobrement la prisonnière, lorsque les deux héros lui proposent de collaborer. Une réplique lui incite à répéter. On n’a pas bien compris. "Une idée de merde". D’accord. Ensuite, on entend "enfoiré de junkie", "rien à foutre", avant que la détenue n’obtienne la permission de sortir.
Les investigations démarrent, cheminent d’un train de sénateur, s’accordent au débit monocorde de Fredo Shulz, policier forcément alcoolique (suite à une tragédie personnelle). Ce dernier constate qu’il "n’y a pas autre chose que des sales cons dans ce milieu". Comprendre, celui de la drogue.
De leur côté, les coupables et leurs complices saisissent qu’ils sont impliqués "dans un putain de meurtre". Quelques notes de violon jouées par la fille de Dakota adoucissent un peu les mœurs, dans un moment trop fugace qui ne parvient pas à faire oublier les dialogues. Quelques minutes plus tard, sur le seuil d’une porte, l’indic éconduit un visiteur importun : "La ferme, c’est des conneries, vas-y, casse-toi, dégage".
On pousse quand même le vice jusqu’à suivre le commissaire dans un groupe de parole où il confie sa dépendance éthylique ("On est soi-même son pire ennemi, surtout après une journée de merde"). Peut-être aura-t-on plus de chance avec les scènes sentimentales ? Peine perdue. Elles aussi sont contaminées : "Tu crois que c’est cet arrangement à la con qui va nous rapprocher ?".
L’enquête se poursuit, la mise en scène ne décolle pas, Dakota prend de plus en plus d’importance, de nouveaux personnages apparaissent, une galerie de caricatures pour sketchs vintage. De son côté, la machine à gros mots tourne à plein régime ("si tu la touches encore une fois, je te défonce ta putain de gueule" - je t’emmerde, va te faire foutre", "la conditionnelle, tu l’aurais eue bien profond", "non, mais je rêve, elle me tripote, cette conne", ’je m’en bats les couilles", "on s’en branle", "fais chier, Fredo", "je reviens, je vais aux chiottes"). De temps en temps, des apophtegmes nous extirpent de la fatalité lexicale - "la chance, ça n’existe pas, y’a une raison à toute chose", avant de subir les assauts nourris de la trivialité vengeresse -"le grand amour, c’est faire toutes les conneries imaginables"-.
Entretemps, on a repéré le traître. Pardon, un enfoiré de traître. Mais en fait, on l’avait identifié depuis longtemps.
Au terme de ce pensum, on se dit que Lars Becker fait du polar comme d’autres s’essaient à la peinture et finissent par exposer des croûtes.
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