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Le 17 mars 2004


Loin des récits cliniques ou des déballages sexy-trash, Le dieu des femmes est une supplique adressée à "l’univers-elles".
Loin des récits cliniques ou des déballages sexy-trash, Le dieu des femmes est une supplique adressée à "l’univers-elles".
"Sortir, c’est vivre. Entrer c’est mourir", peut-on lire en titre d’un des chapitres de ces confessions dont on ne sait si elles sont un rêve ou la douce litanie des remords et des regrets.
Entrer, donc, serait mourir, et pourtant David ne se sent vivre que dans les femmes. Il n’est qu’en elles, naît en elles.
Parvenu à un moment suspendu de son existence - carrefour ou impasse - il se retourne et que lit-il ? Des visages et des corps de femmes ; leurs prénoms égrenés en lieux-dits. L’homme, dans un isolement qu’il veut lucide, se raconte visiteur, amant de passage, passeur, passerelle (encore "elle") entre passé et avenir des belles, entre fantasme et assouvissement, entre peur et apaisement. Il est surtout leur fidèle inlassable, qui une fois le désir éteint sait trouver d’autres sources à son plaisir : le leur, ou son souvenir.
Car tel est le paradoxe de ce roman délicat. On croit suivre les pas d’un libertin, d’un instable butineur et l’on découvre un dévot, un mystique tout entier voué au bonheur de celles qu’il laisse se laisser conquérir. C’est en effet un autre paradoxe de ce parcours d’un mâle solitaire. David n’a rien du coureur en quête de trophée, qui repèrerait sa proie, lui tournerait autour avant de descendre sur elle en piqué et sans pitié. Non, ce qu’il aime, lui, c’est les voir le vouloir, le choisir et se donner. Alors il dépose sa vie à leurs pieds, à chaque fois, avec la même ferveur et le même oubli de soi. David, en fait, est le contraire d’un séducteur. Il donne tout et toujours, prend religieusement ce qu’on lui tend y compris les douleurs, les cauchemars, les refus. Et David, ainsi, se dilue au fil des femmes de sa vie, ne sait plus très bien qui il est ni où il va, repart en songe d’où il vient. C’est pour cela qu’il se cherche au long de ses histoires d’amour, au travers de ses éphémères compagnes ; et parce qu’il ne trouve que ce qu’il a été dans leur regard, il croit devoir s’en inquiéter.
Or c’est peut-être là son ultime désir : être elles...
Dominique Sampiero, Le dieu des femmes, Grasset, 188 pages, 2004, 14,50 €