Toile dans la main
Le 10 juin 2003
Un exercice de style qui serait un peu comme un roman. N’en déplaise aux amoureux de Benjamin Malaussène !
- Auteur : Daniel Pennac
- Editeur : Gallimard
- Genre : Roman & fiction, Littérature blanche
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Ni tout à fait lui-même, ni tout à fait un autre... Trompe-l’oeil et fausses pistes... Daniel Pennac déconcerte, dans un exercice de style qui serait un peu comme un roman. N’en déplaise aux amoureux de Benjamin Malaussène !
Certains endroits du monde sont plus propices que d’autres à la sieste et aux dictatures. Peut-être aussi aux histoires qui font sourire ou rêver, des histoires qui passent et qu’on ne raconte pas. Comme celle au conditionnel d’un dictateur de république bananière, qui voudrait mener la grande vie en Europe, tout en gardant le pouvoir. Le beurre et l’argent du beurre... Mais tout arrive, dans les histoires... Le despote met la clé sous la porte et un sosie dans ses bottes. Qui lui-même recevra l’appel du large et recrutera à son tour !
La différence, c’est "l’epsilon" qui donne son titre au premier chapitre, et qui n’est rien d’autre que le petit détail qui distingue le sosie de l’original. "L’epsilon", ce serait aussi ce petit quelque chose qui ferait que Pennac ne ressemble pas tout à fait à Pennac. Il est là où on ne l’attend plus. Des chapitres qui se suivent comme s’enchaînent les idées, librement, sans entraves, sans rigueur, simplement comme ils viennent, mais reliés sans cesse à ce lien qui attache à jamais le despote et son sosie. Car tout est dans l’image, le reflet du miroir. Ce rapport à soi-même et à l’autre. "Etre sosie, ça se désire ! [...] Il suffit d’avoir foi en la ressemblance". Car le sosie du président, qui lui-même ressemble étonnamment à Rudolf Valentino, se met à courir les routes pour faire une carrière dans le cinéma, et gagne sa vie en imitant Charlot à l’heure où triomphe Le dictateur. Qui est qui ? Le sosie d’un dictateur qui imiterait Chaplin jouer un dictateur et son sosie ?
Les vies se télescopent, s’emboîtent, se mélangent... Les personnages s’y perdent eux-mêmes, entre le vrai et le faux, la réalité et le cinéma. De l’histoire qui aurait pu se raconter naissent toutes les histoires de ceux qui auraient pu exister, dans un roman qui, à force de conditionnels, finit pourtant par reconstruire une légende, celle de l’âge d’or d’un cinéma qui était encore magique, et d’une terre promise où tout était possible.
Daniel Pennac, Le dictateur et le hamac, Gallimard, 2003, 400 pages, 22,50 €
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