Le 14 mai 2003
Que faire de sa vie lorsqu’on est miraculé ?
Que faire de sa vie lorsqu’on est miraculé ? Brady Udall se lance dans le roman fleuve, la saga picaresque, une délirante histoire d’apprentissage.
La première fois, Edgar Mint voit le jour dans une réserve indienne, entre une grand-mère peu loquace et une mère alcoolique. La seconde fois, ce sera à l’hôpital Sainte-Divine, juste après que la voiture du facteur lui a roulé sur la tête. Miraculé, Edgar Mint va grandir ballotté d’orphelinats en familles d’accueil, sans jamais perdre de vue son projet : retrouver le facteur pour lui dire qu’il n’est pas mort !
Mais quelle est en réalité la mission d’Edgar Mint ? C’est évidemment de trouver un père. Mais qui est-il, ce père fantôme, qui, à l’image du médecin maudit, va hanter ses nuits, réalité ou cauchemar, pourvoyeur de drogue, de coups de gueule, de bourbon et d’amour vache ? Est-ce le père biologique, égaré dans une mythologie de westerns qui le laisse à mille lieux de la réalité des codes sociaux et du quotidien indien ? Est-ce le père mormon, idéal et magnifique, l’image achevée du père sans cesse fantasmé, mais qui se révèlera lui aussi faible, décevant, indigne. Est-ce le voisin de chambre, alcoolique dépressif, si loin et pourtant toujours là quand il faut, dernière passerelle vers le vrai père, celui qu’il finira par trouver, un peu trop tard. C’est pourtant dans cette image immuable, figée par le souvenir et la nostalgie qu’il parviendra à trouver le père qu’il s’est rêvé, à jamais infaillible.
Edgar Mint est un héros picaresque, que les épreuves font grandir un peu plus à chaque fois. Son parcours est jalonné de rencontres, furtives, éphémères ou essentielles, dont il ne gardera que des feuillets dactylographiés, au fond de sa malle, et des images qui l’aideront à avancer.
Brady Udall, Le destin miraculeux d’Edgar Mint, (The miracle life of Edgar Mint, traduit de l’américain par Michel Lederer), 10/18, coll. "Domaine étranger", 9,30 €
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