Le 31 mai 2017
Ce film scénarisé par Clouzot possède un incontestable charme débonnaire.
- Réalisateur : Georges Lacombe
- Acteurs : Pierre Fresnay, André Luguet, Jean Tissier, Suzy Delair, Michèle Alfa
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Continental-Films
- Durée : 1h29mn
- Date de sortie : 16 septembre 1941
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Il y a près de cinq ans, six amis ont promis de se répartir équitablement l’argent qu’ils auront accumulé au cours des cinq années à venir. Alors que le jour du partage se rapproche, les compagnons meurent l’un après l’autre...
Notre avis : Bien que mineur, Le Dernier des six, outre le fait qu’il est très attachant, est étrange à plus d’un titre ; d’abord par une étonnante séquence de music-hall, à la Busby Berkeley, dans laquelle on retrouve le point de vue impossible, mais aussi de stupéfiants trucages qui font, par exemple, tomber une danseuse dans un verre… Étonnante, mais aussi détonante dans le cadre d’un policier qui se veut réaliste. Elle est d’autant plus décalée qu’elle ne sert pas à rompre une tension par ailleurs assez légère. On est bien sur un moment gratuit, presque autonome dans lequel on peut voir également une volonté de la Continental, qui produisait là son deuxième film, de viser le prestige en période d’Occupation. Ce n’est ni vraiment réussi, ni vraiment raté. Simplement étonnant.
Mais ce n’est pas la seule étrangeté : la poursuite finale, dans une carrière labyrinthique, elle aussi incongrue, avec de plus une chute singulière, joue sur les ombres d’une manière quasiment expressionniste. Cette esthétique, à mille lieues de celle qui prévaut dans le monde du cabaret, est propice à la description des intérieurs du groupe, ou de la chambre minable dans laquelle l’un d’eux meurt. Lacombe s’y révèle audacieux et finalement réussit à combiner des éléments aussi disparates. De même certaines idées ont-elles une certaine efficacité, voir par exemple les gros plans de mains quand les amis attendent le retour du sixième.
Mais le film tire surtout sa réputation de son scénariste prestigieux, Clouzot, qui reprendra le héros interprété par Pierre Fresnay l’année suivante dans son L’assassin habite au 21. S’il adapte un roman de Steeman, il ajoute le personnage de Suzy Delair, idiote insupportable qui ne sera pas pour rien dans le succès. Il faut dire qu’elle est réjouissante de mauvaise foi, et Clouzot lui réserve des répliques de haut vol. D’une manière générale, les dialogues sont d’ailleurs très écrits (voir le gimmick : « patient mais ... »), ils sentent le mot d’auteur très « qualité française » mais par l’abattage de comédiens rompus à tous les exercices. On s’émerveille de leur impeccable diction qui fait passer pour naturelles des phrases artificielles en diable, on se réjouit de voir les numéros de Jean Tissier, hélas peu présent, ou d’André Luguet. Mais c’est évidemment le couple vedette qui épate constamment : la désinvolture de Fresnay, qui ne semble pas bien préoccupé par l’enquête, s’oppose aux crises de Suzy Delair ( la recherche du gant est un grand moment) et leur duo prend le pas sur une intrigue dont tout le monde se moque.
Pour nous, Le Dernier des six est aussi un document sur un Paris disparu, celui des cabarets mais également celui des hôtels miteux et des quartiers pauvres, même si le film, tourné en studio, pendant l’Occupation, a quelque chose d’irréel. Ajoutée à des jeux d’acteurs passionnants, à des répliques d’une grande drôlerie, cette valeur testimoniale donne une œuvre certes superficielle, mais au charme indéniable.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.