Le Cygne Noir – la critique du film + le test blu-ray

Grand classique de l’ère Technicolor du film de pirates, Le Cygne Noir aligne avec bonne humeur tous les clichés du genre pour présenter une aventure toujours aussi dépaysante après plus de sept décennies.

L’argument : Gouverneur de la Jamaïque, Henry Morgan charge James Waring, ancien pirate, d’empêcher le renégat Capitaine Leech de reprendre les attaques contre les bateaux de Sa Majesté. Pour mieux l’atteindre, il enlève la fille de l’ex-gouverneur.

Notre avis : Sorti en 1942 et produit par la Fox en réponse aux productions Warner avec Errol Flynn, Le Cygne Noir est, selon Bertrand Tavernier, l’un des « titres fondateurs du genre ». Il faut dire que tout est là : le séduisant bandit au cœur tendre, la belle demoiselle farouche, les trahisons multiples, les batailles maritimes et les nombreux duels à l’épée... Si la recette est familière, rien de plus normal. Tout comme ses concurrents, le long-métrage qui nous intéresse est tiré d’un roman de Rafael Sabatini, l’auteur prolifique derrière Capitaine Blood et L’Aigle des Mers. Et dans Le Cygne Noir, la formule fonctionne à plein. Grâce notamment à la patte du réalisateur Henry King, bien aidé par la superbe photographie de Leon Shamroy qui signe là l’un des plus beaux films en couleurs du début des années 40. Une référence esthétique qui aura bien mérité son Oscar de la meilleure photographie.

Car il est clair que la Fox n’a pas lésiné sur les moyens à disposition des cinéastes. Entre les dizaines de figurants qui s’affrontent à l’épée via d’excellentes chorégraphies et les batailles navales aux maquettes splendides et détaillées qui se bombardent en milles morceaux, l’ampleur du film impressionne toujours. Le Cygne Noir est une vraie déclaration d’amour aux trucages et cascades de l’époque dont la technicité est poussée à son paroxysme. Autre atout non négligeable de l’œuvre : un excellent protagoniste campé par l’emballant Tyrone Power. Malheureusement décédé à l’âge de 44 ans, ce dernier n’aura pas engendré la même légende qu’Errol Flynn. Charismatique et drôlissime, il n’a pourtant pas grand chose à lui envier. Face à lui, une joyeuse galerie de savoureux seconds couteaux, tous visiblement ravis d’interpréter une bande de pirates sans foi ni loi : Anthony Quinn, George Sanders et le génial Laird Cregar sortent tout droit d’une bande-dessinée d’Hergé. Un léger bémol néanmoins sur l’interprétation de Maureen O’Hara. Son personnage est censé évoquer une héroïne des comédies romantiques d’Howard Hawks mais elle ne possède ni le charme ni la répartie d’une Katharine Hepburn et fait bien pâle figure face à Tyrone Power.

Enfin, si ce n’est pas vraiment un défaut du film en lui-même, on déplorera malgré tout quelques scènes et répliques assez misogynes. Sans être trop offensives et devant bien sûr êtres interprétées dans le contexte de la création du film, elles restent néanmoins bien tristes. Au-delà de ce bémol, Le Cygne Noir s’impose malgré tout sans grande difficulté sur le podium du film de pirates. Et ce ne sont pas nos flibustiers digitalisés modernes qui vont lui voler la vedette à coups de centaines de millions de dollars de budget en plus, car ils n’ont ni son charme, ni sa créativité.

© Sidonis

LE TEST BLU-RAY
Une édition qui ne paye pas de mine mais qui a été réalisée avec soin et qui permet de découvrir Le Cygne Noir dans d’excellentes conditions.

Les suppléments :

Pour cette édition, Sidonis a misé sur la qualité et non la quantité et ils ont eu raison. La galette propose, outre la galerie photo habituelle, une excellente interview du grand Bertrand Tavernier qui revient pendant 19 minutes sur Le Cygne Noir, son histoire et ses qualités. Passionnant de bout en bout, une superbe introduction au film. Un bref documentaire de 13 mn sur les pirates aux cinéma est également présent. Bien écrit mais narré par une voix-off désespérément monotone, il est néanmoins très informatif.

L’image :

Belle copie et excellent transfert qui rend justice au Technicolor mais qui n’est pas sans quelques faiblesses durant les scènes nocturnes au grain un peu trop prononcé.

Le son :

Deux pistes DTS HD Master Audio 2.0 pour la VO et la VF. Les dialogues de la VF sont plus clairs et appuyés qu’en VO mais cela est probablement dû au mixage original et non à cette édition. Les deux pistes sont très agréables.