Une courte leçon d’histoire de cinéma
Le 20 août 2021
Dernier ouvrage de la collection « L’Opportune », publié par les Presses universitaires Blaise-Pascal (Clermont-Ferrand), Le court-métrage, du 28 décembre 1895 à nos jours est un opuscule qui attirera autant l’attention des cinéphiles avertis que des néophytes désirant se plonger dans 130 ans de cinéma.
- Auteur : Gilles Berger
- Editeur : Presses Universitaires Blaise Pascal
- Genre : Cinéma
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 19 novembre 2020
- Plus d'informations : Presses universitaires Blaise-Pascal
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Critique : Ce court texte d’une soixantaine de pages, écrit par un universitaire (Gilles Berger est enseignant en arts plastiques et professeur certifié en études cinématographiques à l’Université Clermont Auvergne), propose, par le biais de différents prismes, la démonstration d’une thèse qu’on pourrait résumer sommairement ainsi : le court-métrage est l’essence même du cinéma. Autrement dit, le cinéma tel que nous le vivons, le connaissons, pour ne pas dire le « consommons » de nos jours - on pense, en toute sympathie, à une certaine jeune génération de cinéphiles nourrie d’une culture où se mêlent joyeusement les films Pixar, DC/Marvel, de Nolan, Fincher, Scorsese, Tarantino, Kubrick… et Truffaut ou Tarkovski - n’existerait tout simplement pas sans le court-métrage.
« Au sens figuré et dans le monde entier, l’histoire du court-métrage ne peut en aucune manière être séparée de celle du cinéma en général, tant du point de vue de ses ambitions que de celui de ses réussites marquantes. » - Gilles Berger.
Pour cela l’auteur remonte à la toute fin du XIXe siècle, aux limites primitives du cinématographe et son support, la taille de la bobine du film et sa production « taylorisée », puisque sa durée devait être ni trop courte, assez pour divertir l’ouvrier à qui elle était majoritairement destinée, ni trop longue afin que le forain exploitant puisse rentabiliser ses séances, pour ensuite évoquer les cheminements et évolutions de son contenu. Des vues, plutôt statiques, des frères Lumière ou des tableaux et trucages de Méliès, les pionniers du muet vont en inventer les valeurs actuelles de plans, le montage et ses multiples formes de narration. D’un divertissement mécanique, on passera en une poignée d’années au septième art. Et ce glissement vers un art absolu se fera par les courts-métrages, des œuvres allant du burlesque à l’expérimental, jusqu’au scandale, telles ces seize minutes surréalistes d’Un chien andalou (Luis Buñuel -1929), succession - a priori - décousue de scènes oniriques, avec le probable premier plan « gore » de l’histoire : un œil de femme, plein écran, tranché par un rasoir (*).
Ce texte rappelle ainsi que les codes et la syntaxe cinématographiques, qui nous semblent évidents aujourd’hui, mais également l’intégralité de ses genres et styles, découlent du court-métrage, des divers types de fictions au documentaire, en passant par l’animation ou les séries dont nous abreuvent Netflix, Amazon ou Disney+.
L’auteur, après une brève revue du marché établie par le CNC en janvier 2020, conclut que la distinction entre court-métrage et long-métrage, au-delà d’une simple norme administrative (en deçà d’une heure de projection) n’a que peu lieu d’être : ce format est un constituant total, pour ne pas dire ontologique, de l’histoire des formes. Avec une vingtaine de courts-métrages proposés en fin d’ouvrage, couvrant quasiment un siècle, Gilles Berger propose quelques preuves « canoniques » signées par de grands réalisateurs qui ont alterné, tout au long de leur œuvre, entre courts et longs-métrages. Autrement dit, leur œuvre de cinéma. Tout court.
* Il va sans dire que c’était un trucage, Luis Buñuel utilisa un œil de bœuf sur le tournage…
10,5x15 cm
64 pages - 4,50 €
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