Le 9 juillet 2019
- Scénariste : Olivier Deprez>
- Dessinateur : Olivier Deprez
- Collection : Collection Amphigouri
- Genre : Adaptation
- Editeur : Frémok
- Date de sortie : 28 août 2003
Olivier Deprez nous livre enfin les fruits de son travail de longue haleine sur Le château de Kafka. Huit ans de réflexion, d’expérimentations, pour accoucher de cet étrange objet, riche en apparitions...
Olivier Deprez le reconnaît lui-même : « je ne nie pas m’être fortement identifié à Franz Kafka ». Une identification qui n’exclut pas la liberté, qui, au contraire, permet à l’auteur de recréer un univers à la fois fidèle à l’original et éminemment personnel. Le château le poursuit en quelque sorte depuis des années. Cette « contemplation romanesque et métaphysique » lui a procuré « un état d’hypnose », une véritable obsession qui l’a poussé à se couler dans l’écriture de Kafka pour en donner une sorte de miroir graphique assez saisissant. « Créer un équivalent du livre m’a permis d’aller au-delà de cette identification », explique-t-il. La seule manière, pour ce lecteur boulimique, de digérer ses lectures en leur donnant une seconde vie.
Olivier Deprez / Frémok
L’histoire, si elle est fidèle à l’œuvre originale, est simplement évoquée. Une série de tableaux, d’ambiances, d’images fortes qui la dessinent petit à petit sans jamais s’en éloigner, sans jamais se contenter de l’illustrer. Ce qu’Olivier Deprez rend sensible, c’est l’étrange effet qu’ont les mots de Kafka sur le lecteur. Comme le château, à la fois présent et inaccessible, ses gravures sont le théâtre d’étranges apparitions... et de disparitions. Certaines planches apparemment confuses se révèlent lentement lorsqu’on s’y attarde. On découvre une silhouette qui émerge du noir, un visage qui surgit du vide, un univers bien plus habité qu’il n’y paraît. C’est la véritable réussite de ce livre. Réussir à faire littéralement apparaître les personnages, dans un processus troublant, presque magique.
Olivier Deprez / Frémok
« Le matériau s’est imposé […] grâce aux noirs vibrants qu’il suggère ». La technique graphique rappelle la tradition de la gravure belge dont Olivier Deprez s’est beaucoup inspiré. Mais là encore l’auteur détourne, il recrée. Le bois est malmené, griffé, déchiré. Des interventions très physiques qui n’excluent pas des hasards étonnants de précision et de présence.
Olivier Deprez / Frémok
La narration pourrait d’abord paraître obscure, la beauté plastique, gratuite, mais ce livre recèle de vraies richesses derrière l’aspect séduisant de l’ensemble. Même si ces jeux de miroirs, ces visions à la fois codées et à la force d’évocation immédiate, ne peuvent peut-être être déchiffrés qu’à la lumière du livre de Kafka. Pour aller plus loin, déceler le sens derrière la force des images. Pour faire de cet album beaucoup plus qu’un bel objet : un véritable jumeau de celui dont il s’inspire, tout aussi troublant dans sa différence.
Édition 2003 : 220 pages - 32€
Nouvelle édition parue en août 2018 : 224 pages - 34 €
D’après Franz Kafka.
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Galerie photos
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