Le Brio - Yvan Attal - critique

Critique : Le scénario ressemble à s’y méprendre à celui d’une production hollywoodienne. Deux personnages que tout oppose et qui se détestent, liés par un projet commun imposé, se chahutent tout le temps du film. Si ce type de canevas, toujours un peu naïf, incluant obligatoirement un happy end, est totalement admis aux États-Unis, sa transposition dans un film français est loin d’être aussi évidente.
Pour coller à une certaine réalité hexagonale, le scénario ne nous évite que peu de lieux communs : le professeur, dur et injuste, est au fond un homme seul et perdu dans la société d’aujourd’hui. Il jouit donc très vite d’un capital de sympathie que le protagoniste ne mérite pas. La jeune étudiante, très "banlieue", brusque, volubile jusqu’à la grossièreté, n’ayant pas froid aux yeux, devient rapidement brillante et adopte curieusement des comportements de midinette avec son petit ami.
Les autres personnages sont à l’avenant, des prototypes de caractères de cinéma, complètement manichéens : les copains de la cité avec leur langage fleuri sont si sympathiques quand ils discutent au bas de l’immeuble ; l’étudiant qui suit le même cours que Neila, un noble fin de race, forcément d’extrême-droite, est toutefois compatissant ; le président de l’université, inflexible comme sa fonction le lui impose, très copain avec Pierre Mazard, va avec une facilité déconcertante, faire fi de ses obligations pour l’aider... Bref, l’accumulation de poncifs dans un film, qui de plus se veut bien-pensant, le rend contre-productif et au bout du compte désobligeant pour les valeurs qu’il dit défendre.

Le long métrage n’est sauvé que par l’interprétation de ses deux acteurs principaux : Daniel Auteuil, toujours apte à se glisser dans la peau d’un nouveau type de personnage, et Camélia Jordana, fougueuse, tour à tour buttée et rieuse, qui décrocha pour l’occasion le César du meilleur espoir féminin en 2018.