Littérature
Le 7 octobre 2019
Primé en 1987, Le boucher est aujourd’hui une référence en matière de texte érotique.
- Auteur : Alina Reyes
- Collection : Fiction & Cie
- Editeur : Editions du Seuil
- Genre : Roman
- Nationalité : Française
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Primé en 1987, sur manuscrit, Le boucher est aujourd’hui une référence en matière de texte érotique. Très loin des Emmanuelle ou autres Histoires d’O, pseudo-romans de femmes à la gloire du fantasme masculin, Le boucher révèle une véritable écriture érotique feminine.
Résumé : "La chair du boeuf devant moi était bien la même que celle du ruminant dans son pré, sauf que le sang l’avait quitté, le fleuve qui porte et transporte si vite la vie, dont il ne restait ici que quelques gouttes comme des perles sur le papier blanc. Et le boucher qui me parlait de sexe toute la journée était fait de la même chair, mais chaude, et tour à tour molle et dure ; le boucher avait ses bons et ses bas morceaux, exigeants, avides de brûler leur vie, de se transformer en viande. Et de même étaient mes chairs, moi qui sentais le feu prendre entre mes jambes aux paroles du boucher" Le premier roman d’Alina Reyes a reçu en 1987, sur manuscrit, le prix littéraire Pierre-Louÿs, décerné par un jury de Bordeaux (le Groupe Art-Phare).
Notre avis : Rythmé par les coups qui frappent le billot et le claquement des tranches de viande sur le bois, Le boucher, c’est l’irrépressible montée du désir de deux personnages que rien ne réunit, sinon cette fascination pour la chair.
Lui la vit dans l’abondance et la générosité, à pleines mains, goulûment. Elle, sans cesse entre attirance et répulsion, se laisse prendre au piège de la convoitise de cet homme et du pouvoir de ses mots.
Le récit repose sur l’exacerbation des sens poussée à son paroxysme, où se mélangent l’odeur du sexe et les effluves douceâtres de la viande crue, les chairs offertes au désir de l’autre ou à la lame pénétrante du boucher. Car le symbole est partout, dans cette écriture d’une grande précision, qui s’attache aux objets comme l’œil d’une caméra, en infinis gros plans, comme pour y débusquer un sens. Le boucher aiguisant ses couteaux, parant la viande... rien ne nous est épargné dans cette lente montée du désir, jusqu’à l’accomplissement final, où, à travers une sorte de fantasme d’auto-engendrement, la femme renaîtra au monde, plus forte, désormais libérée du fardeau de l’amour, qui n’existe que "dans le mal brûlant du désir, de la jalousie, de la séparation", femme-vampire qui se nourrit des hommes, faisant de leur désir sa puissance.
En quatre-vingt-dix pages d’une intensité et d’une tension extrêmes, Alina Reyes signe là un classique de la littérature érotique. Sans effets, avec une grande économie d’écriture, tout frappe juste dans cette mise en scène du fantasme, dénuée de vulgarité, que souligne une crudité nécessaire au propos.
Alina Reyes publie maintenant, régulièrement, des textes érotiques ou non. C’est pourtant ce premier roman qui reste irrémédiablement attaché à son nom.
Alina Reyes, Le boucher, Points, 90 pages, 4,71 €
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