Le 20 janvier 2024


- Scénariste : Pain(t)>
- Dessinateur : Pain(t)
- Genre : Humour
- Editeur : La Valtynière
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 10 janvier 2024
Pain(t) écrit et dessine ce récit où les personnages – et le lecteur - vont de surprise en surprise dans un style minimaliste et en même temps travaillé, un noir et blanc tramé fort agréable pour un récit prenant et original.
Résumé : {Le bon, la brute et les schtomeuls} commence avec un chariot avançant cahin-caha. À bord, Balthazar est malade tandis que son frère aîné Raz mène les bœufs. Les deux hommes fuient la ville pour se mettre à l’abri dans la forêt, ou plutôt près de la forêt. Une nuance qui va faire toute la différence dans la suite de l’histoire...
Critique : Raz et Balthazar sont frères mais tout semble les opposer : la taille, la dégaine, et surtout le caractère. Raz est cynique et balance vanne sur vanne tandis que Balthazar est à l’écoute et loin de toute violence. Raz magouille, Balthazar veut comprendre et apprendre. Les deux frères se retrouvent dans une contrée inconnue où ils vont rencontrer nombre d’aventures étonnantes.
Le scénario est bien mené puisque tous les événements finissent par trouver un sens, souvent alors que l’on s’y attend le moins. La force de Pain(t) est de jouer sur cette histoire classique des deux frères face à la nature sauvage et d’y ajouter une touche d’absurde et un sens de la vanne ciblée. À l’inverse d’un Audiard où tout le monde fait son bon mot, dans cette BD, c’est Raz le caustique qui mitraille à tout va. Le personnage et son regard lucide sur le monde, sa méfiance intrinsèque des étrangers en font un homme qui ne rate pas l’occasion de tourner en dérision gens et situations. Ce qui a tendance à agacer son petit frère qui encaisse sans broncher les soufflantes verbales de Raz.
Nous ne vous dévoilerons rien des péripéties qui attendent ce petit duo car c’est tout le sel de cette BD de vous emmener de surprise en surprise.
Un récit long, drôle dont la force scénaristique peut s’appuyer sur des choix graphiques forts. Cette longue quête prend un tournant complètement inattendu pour sa fin, qui nous surprend autant qu’elle nous touche. Pain(t) aborde, l’air de rien, sur le fond de ce récit entre deux frères qui s’aiment mais ne parviennent pas à se le dire, des thèmes touchant comme le regard de l’autre, le respect de la nature (qui vous le rendra sinon), et les éternels travers humains, l’appât du gain et la cupidité. Des personnages typés et même peut-être archétypaux mais qui se révèlent attachants et tellement humains.
Pain(t) / La Valtynière
Les dessins de Pain(t) sont à la hauteur du récit avec un style minimaliste pour les personnages, silhouettes noires sur fond blanc, ou parfois blanches cerclées de noir. On est entre la dégaine et le personnage bâton. Le décor joue sur le noir et blanc aussi mais fait intervenir des jeux de trames grossières ainsi que des nuances de gris qui permettent d’ajouter volume et profondeur dans ces grands espaces.
Ajoutons une composition qui varie autour de la thématique du gaufrier, pouvant passer au dessin pleine page. On ne peut qu’admirer ces grandes planches présentant un dessin encadré d’une arabesque, dont le contenu est lié au moment de l’histoire raconté. Prenez donc le temps de parcourir ces décorations autour des grandes cases, vous y prendrez aussi plaisir.
Il faut noter également le carnet de dessin de Balthazar, qui permet de proposer dans un autre style certains moments que le jeune homme croque quand il le peut. Un style réaliste où les gens n’ont pas de visage. Les cases, le plus souvent dépourvues de contour, quand elles ne détaillent pas un décor foisonnant, laissent le blanc en fond, pour donner l’espace aux personnages et aux dialogues savoureux qui peuplent cette BD.
Le bon, la brute et les schtomeuls se révèle plaisir de lecture et aussi plaisir des yeux, en plus, source de rires et d‘émotion. Une réussite !
192 pages – 24,50 €