Le 22 mars 2023
Un grand film, digne et humain, tout de non-dits et suggestions, décrivant avec tact le quotidien d’un triangle amoureux. Du grand art !
- Réalisateur : Maryam Touzani
- Acteurs : Lubna Azabal, Saleh Bakri, Ayoub Messioui
- Genre : Drame, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Français, Danois, Belge, Marocain
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h58mn
- Date télé : 27 janvier 2024 23:32
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 22 mars 2023
- Festival : Festival du Film Francophone d’Angoulême, Festival de Cannes 2022
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– Sélection officielle Cannes 2022 : Un Certain Regard
– Cannes 2022 : Prix FIPRESCI
Résumé : Halim est marié depuis longtemps à Mina, avec qui il tient un magasin traditionnel de caftans dans la médina de Salé, au Maroc. Le couple vit depuis toujours avec le secret d’Halim, son homosexualité qu’il a appris à taire. La maladie de Mina et l’arrivée d’un jeune apprenti vont bouleverser cet équilibre. Unis dans leur amour, chacun va aider l’autre à affronter ses peurs.
Critique : Présenté dans la section Un Certain Regard de Cannes 2022, Le bleu du caftan a obtenu le prix FIPRESCI, avant d’être projeté dans d’autres manifestations dont le Festival de Marrakech où il a gagné le Grand prix. Coscénariste du courageux Much Loved, écrit par son compagnon Nabil Ayouch, et qui abordait le thème de la prostitution, Maryam Touzani était passée derrière la caméra avec Adam. Ce premier long métrage, situé dans la médina de Casablanca, évoquait avec justesse la complicité entre deux femmes, tout en proposant une vision subtile de la condition féminine au Maroc. Le bleu du caftan est dans la même veine, avec de surcroît un regard percutant et juste sur l’homosexualité masculine dans la société arabe, qui constitue le cœur du récit. Halim et Mina forment un couple d’artisans et commerçants spécialisés dans la confection et la vente de caftans. Cette tunique longue, emblématique dans plusieurs pays du monde, est fabriquée avec soin et passion par Halim qui tient à conserver la pratique artisanale du travail manuel, alors que l’industrie textile tend à banaliser sa production par l’utilisation croissante de machines à tisser et à coudre.
- © 2022 Les Films du Nouveau Monde. Tous droits réservés.
Le métrage accorde une place importante au filmage des étapes de la fabrication de l’un de ces vêtements, depuis le traitement du morceau de tissu au produit final, dans une approche semi-documentaire qui exerce une réelle fascination, tout en suggérant une réflexion sur des professionnels partagés entre les statuts d’artisan et d’artiste (comme la cinéaste ?). La narration cerne la relation entre Halim et Mina, qui semblent au départ tristes et blasés, et partagent un lourd secret dont ils se gardent bien de parler, jusqu’au jour où le jeune et bel apprenti à qui Hakim souhaite transmettre son art suscite un trouble dans l’équilibre d’un couple bien plus soudé qu’on ne le croit. Le film de Maryam Touzani dispose d’un scénario limpide et solide, mais sans surcharges, qui évite les pièges de l’histoire militante et démonstrative mais aussi celui du mélodrame tire-larmes, lorsque le spectateur prend conscience d’un grave problème de santé de Mina. Le bleu du caftan est baigné d’une réelle dignité et d’une belle humanité, présentant des personnages nuancés qui ne correspondent pas à des archétypes. La mise en scène, classique mais épurée, dénote un réel sens de l’atmosphère, et opte pour les jeux de regard et les non-dits, avec un art de la suggestion qui se fait rare au cinéma, et qui arrive à montrer l’importance des gestes simples.
- © 2022 Les Films du Nouveau Monde. Tous droits réservés.
La réalisatrice précise ainsi dans le dossier de presse : « On se dit parfois que le quotidien est ennuyeux, mais pour moi, il ne l’est pas du tout. Le quotidien est ce qu’il y a de plus vivant dans nos existences. Nos vies sont tissées de ça, de détails, et d’exceptionnel, on le trouve dans ces petites choses quotidiennes. Il faut savoir ressentir et voir ces choses-là. C’est pour cela que je voulais observer et filmer ce couple dans ses petits gestes quotidiens qui vont les amener vers quelque chose d’extraordinaire ». Pour autant, Le bleu caftan n’est pas Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles et devrait trouver une large audience. L’œuvre est bien aidée par ses trois interprètes, dont la lumineuse Lubna Azabal, déjà à l’affiche d’Adam, et que l’on a pu apprécier dans plusieurs films importants, dont Incendies. La cinéaste est également bien épaulée par son équipe artistique et technique, avec une mention pour les images superbes et sensuelles de la directrice photo Virginie Surdej. Au final, Le bleu du caftan est une grande réussite que nous recommandons vivement.
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