Le 23 avril 2019
Un Rohmer mineur et méconnu, qui évoque une héroïne plutôt janséniste dans son acharnement. Comme souvent chez le réalisateur.


- Réalisateur : Éric Rohmer
- Acteurs : André Dussollier, Béatrice Romand, Arielle Dombasle, Féodor Atkine, Sophie Renoir
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 1h40min
- Date de sortie : 19 mai 1982

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Résumé : Apres une rupture, froidement décidée, une jeune étudiante se résout à faire "un beau mariage". Par l’intermédiaire d’un ami, elle rencontre un homme très attirant, mais fort attaché à son célibat.
Notre avis : Oeuvre mineure dans la consistante filmographie de Rohmer, Le beau mariage met en scène un personnage qui cristallise d’irréconciliables contradictions : convaincue que son destin lui commande de se marier, Sabine va rompre avec son amant Simon, dont elle ne supporte pas d’être le faire-valoir. Un an avant Pauline à la plage, Féodor Atkine joue déjà les manipulateurs avec brio, quoique sa participation s’avère purement symbolique. C’est sans doute sa fréquentation assidue mais frustrante, ainsi que l’exemple du bonheur conjugal incarné par sa meilleur amie, qui provoquent chez Sabine l’urgence de la "normalité".
On tient là une janséniste des sentiments comme il en existe tant chez Rohmer, grand pascalien devant l’éternel, soumettant ses créatures à l’épreuve des contingences. Chevillée à cette certitude, Sabine échoue immanquablement, puisque l’avocat dont elle s’éprend, peut-être sous le fallacieux prétexte de préserver son indépendance, mais plus encore parce qu’il ne veut pas l’intégrer dans son cercle, l’oblige à ajourner son virulent désir d’union conjugale. L’antienne sans cesse déclamée -"Je vais me marier"- contraint la jeune femme à se hisser au niveau de son obsession, mais à subir l’affront du refus, qu’elle entérine par une homérique colère contre une incarnation de la bourgeoisie.
Qu’à cela ne tienne, Sabine est une acharnée, à qui Béatrice Romand prête son visage mutin déjà vu dans Le genou de Claire. Actrice rohmérienne par excellence, prête à s’embraser jusqu’au dernier plan où le sourire d’un inconnu ouvre un champ des possibles, elle va au-devant de cette quête à laquelle on ne croit pourtant pas, tant il apparaît que le postulat initial porte en lui les germes de l’échec.