Le 29 mars 2007

A l’inverse du repli identitaire constaté dans la campagne présidentielle, le cinéma nous dégage du poids des frontières et c’est tant mieux.
A l’inverse du repli identitaire constaté dans la campagne présidentielle, le cinéma, lui, s’engage un peu plus dans son militantisme culturel et nous dégage du poids des frontières à travers une programmation riche en productions d’horizons lointains.
La campagne présidentielle bat son plein et curieusement, à droite comme à gauche, certains se laissent tenter par un discours nationaliste facile quand il s’agit d’aller draguer les électeurs d’autres bords. Cette quête de l’électorat par l’identitaire, aussi opportuniste que passéiste, semble heureusement échapper à la culture, indéniablement ouverte sur le monde. Forte de ses 16 sorties cette semaine, la programmation cinématographique française, unique dans son genre, nous offre plus que jamais un choix culturel qui dépasse largement le cadre de nos frontières.
Si notre production locale est bien présente et propose des morceaux de poids tant dans le cinéma d’auteur (un Rivette plus en forme que jamais malgré son grand âge) que dans la comédie ado (Hellphone), et que le cinéma américain, marqué cette semaine par l’indépendant (Alpha dog), sort ses avatars hebdomadaires, le reste de l’actualité provient du Chili, d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, du Canada, de Norvège et d’Inde avec le dernier Mira Nair. Une distribution très européenne (la relance de l’Europe passerait-elle symboliquement par le septième art ?) et globalement mondiale, comme le souligne la coproduction germano-espagnole La grande finale qui a posé sa caméra au sein de peuplades mongoliennes, sahariennes et amazoniennes en proie à la frénésie du football ! Plus que jamais le cinéma est vecteur d’intégration, de réflexion et d’émotion qui nous donne une vraie bonne raison d’être fiers de notre nation à travers un pluralisme qui fait parfois défaut à des pays comme les USA ou le Royaume-Uni.
A un mois et demi de la soixantième édition du Festival de Cannes, la célébration ultime du world cinema que l’on annonce plus international que jamais, cette diversité, même si elle est limitée par le nombre d’écrans qui lui est alloué, réconforte, mieux, nous conforte une fois pour toute dans notre amour pour cet art d’exception aux milles visages et aux milles identités.