Le 8 juillet 2023
Poème filmique survitaminé de cent soixante minutes. Ébouriffant et épuisant.


- Réalisateur : Xavier Dolan
- Acteurs : Nathalie Baye, Melvil Poupaud, Suzanne Clément, Sophie Faucher, Monia Chokri, Perrette Souplex, Yves Jacques
- Genre : LGBTQIA+
- Nationalité : Français, Québécois
- Distributeur : MK2 Distribution
- Durée : 2h40mn
- Date télé : 7 décembre 2024 21:00
- Chaîne : France 4
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 18 juillet 2012
- Festival : Festival de Cannes 2012

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Résumé : L’histoire d’un amour impossible. Le jour de son trentième anniversaire, Laurence, qui est très amoureux de Fred, révèle à celle-ci, après d’abstruses circonlocutions, son désir de devenir une femme.
Critique : Xavier Dolan, vingt-trois ans, petit génie à mèche du septième art, décide pour son troisième film de balancer tout ce qu’il a dans les tripes. Cette œuvre se nomme Laurence Anyways et c’est un barnum cinématographique renversant de 2h40, capable de profondément rebuter le spectateur le plus docile comme de le foudroyer d’émotions. Le long métrage ressemble au film d’un réalisateur à qui il ne resterait que quelques mois à vivre. Ce dernier semble en pleine forme physique, mais il y a un tel sentiment d’urgence dans cette œuvre qu’on pourrait la croire testamentaire, avec une urgence dans le rythme des dialogues, le propos, le fait d’aborder les thèmes qui hantent Dolan. Par une mise en scène virtuose, celui-ci nous embarque dans son trip auteuriste et égotiste, faisant montre d’une maestria filmique qui laisse pantois. En réalité, il ne nous laisse pas le choix, le spectateur est directement saisi par la puissance évocatrice de ce long voyage cinématographique.
- MK2 Diffusion
Les nombreuses influences de Xavier Dolan (Wong Kar-wai, Truffaut...) sont parfaitement digérées et, pour la première fois de sa carrière, ce dernier n’imite personne. Laurence Anyways est à l’image de son auteur : moderne, brillant, fascinant, agaçant et parfois ridicule. Le meilleur réside dans le maelstrom des émotions que l’histoire nous jette au visage et dans l’esthétique ultra léchée de certaines séquences. Le film retombe parfois comme un soufflé au détour de scènes "made in Nouvelle Vague", dans lesquelles les protagonistes "philosophent" en n’oubliant pas de se croire très intelligents. Ces baisses de régime sont à mettre au compte de l’âge du cinéaste. Ivre de sa jeunesse et de son talent, ce dernier pense souvent avoir tout compris. Mais conséquence heureuse : ce petit côté sûr de lui donne de la vitalité au film. Dolan est libre, il ose tout, et c’est grâce à cette insolence que le film est globalement plus que réussi.
- MK2 Diffusion
L’élément négatif de Laurence Anyways est sa longue durée. Par une redoutable intensité maintenue sur cent soixante minutes, ce long métrage assomme très vite le spectateur. Au bout de deux heures, ce dernier est lessivé, épuisé mentalement par les fulgurances et les ruptures de ton. Il reste alors quarante minutes, difficiles, toutefois brillantes, et lorsque le générique de fin apparaît, on est quand même heureux que tout ceci se termine. Il reste néanmoins que ce film grave la mémoire du récepteur par son traitement subtil et punk à la fois de la transidentité, véritable poème sur pellicule et hymne à l’explosion des études de genre. Chapeau.